1. Divagations entre dinde et huîtres


    Datte: 01/09/2020, Catégories: fh, hôtel, noculotte, fessées, Humour Auteur: Laure Topigne, Source: Revebebe

    Je déteste l’équinoxe d’automne. À partir de celui-ci je deviens neurasthénique et ça va de mal en pis jusqu’au solstice. Ma productivité déjà médiocre s’affaisse de moitié. Plus les jours diminuent et plus je me fais zombie, m’enkyste et me sclérose. Mais cela n’est rien, car avec cette déchéance solaire s’ouvre l’enfer que d’aucuns baptisent, période des fêtes. Ce seul vocable de « période » suffit à m’abattre alors que je ne suis même pas femelle. Quand vous n’êtes attachés à personne et que personne ne vous attend, vous prenez pleine conscience de votre solitude, une quinzaine durant. Tout le reste de l’année vous avez copains, amis ou simples connaissances qui là, pendant huit jours, s’ingénient à disparaître simultanément. Même les plus farouchement célibataires se souviennent d’un gamin, fruit d’amours antédiluviennes, dont ils ne vous avaient jamais parlé et avec lequel ils se font obligation de passer Noël. Vous vous imaginez avoir une vie sociale riche et trépidante, vous vous découvrez plus seul qu’un chien sans collier abandonné au bord de l’autoroute.
    
    -ooOoo-
    
    Ce 24 décembre, j’avais traîné ma misère de whisky en whisky et de bar en bar, les fuyant les uns après les autres dès qu’ils commençaient à réunir des groupes familiaux débordants de bisous gluants et de sourires de circonstances. Mon imbibition augmentait selon la progression de la soirée, aussi lentement qu’inéluctablement, et je songeais désormais à rentrer afin de cuver, dormir et oublier. Au ...
    ... fond d’une venelle, je découvris une enseigne miteuse encadrée de néons blafards dont les grésillements annonçaient l’imminence du trépas. Nul n’aurait l’idée saugrenue de venir s’égayer ici. Conforté par ce délabrement, j’entrai et constatai que je ne m’étais pas trompé, l’endroit était attristant à souhait et ne se prêtait pas aux réjouissances. À l’exception d’une vieillarde toute décrépite qui devait en être la propriétaire, le bistrot était en effet désert. Il ne devait, d’ordinaire, accueillir qu’une clientèle d’habitués qui l’avaient délaissé en ce jour de liesses imposées. Fallait-il que la pauvre femme soit aux abois pour besogner à cette heure tardive avec de très piètres bénéfices en perspective. Je me juchai sur un tabouret et, soutenant ma tête trop lourde bien que très vide entre mes mains, commandai ce que je supposai devoir être l’ultime scotch. Les lumières du bar vacillaient dangereusement et je risquai de dégringoler de mon perchoir à tout moment.
    
    Ensuite, réalité ou rêve, la porte s’ouvrit et une éblouissante jeune femme apparut. Enfin, elle n’était peut-être pas aussi éblouissante que cela, pas si jeune non plus. Elle vint droit vers moi, escalada l’autre tabouret ce qui fit remonter très haut sa robe sur des cuisses qui en auraient fait baver de moins libidineux puis ouvrit son manteau, me présentant une gorge opulente serrée dans un décolleté audacieux. J’avalai une pleine rasade de whisky en me frottant les yeux. Elle commanda un double, « comme le ...
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