1. W.S.O.P.


    Datte: 15/08/2020, Catégories: Humour Auteur: Brodsky, Source: Revebebe

    ... spectacle merveilleux, je ne pus retenir une larme.
    
    Bobby et moi étions désormais face à face. Le donneur me servit deux dames, pique et carreau. Deux putains de belles gonzesses : ma main fétiche, celle avec laquelle je n’avais jamais perdu.
    
    —All in ! m’écriai-je alors sans réfléchir.
    — Suivi, répondit immédiatement Bobby.
    
    Et cet enfoiré retourna deux as, cœur et carreau.
    
    Putain, on a beau se dire que c’est la main porte-bonheur avec laquelle on a tout lâché, dans un moment comme ça, c’est comme si la fin du monde venait de nous surprendre sans crier gare. Robert s’est levé, les deux bras en l’air, comme le vainqueur que le sort semblait avoir désigné.
    
    Leflop le calma immédiatement : 3 et 5 de pique, mais surtout dame de cœur. Une douce clameur s’éleva dans la salle ; le sort avait changé de camp : j’avais un brelan. Ma main fétiche avait raison, comme elle avait toujours eu raison dans toutes les parties que j’avais jouées. Leturn 7 de pique ne changeait rien.
    
    Le donneur s’apprêtait à retourner la dernière carte.
    
    — Un roi… suppliait Robert en regardant le ciel. Brodsky, tu dois savoir que le Seigneur ne m’abandonne jamais. Je t’en supplie, ô mon Dieu, donne-moi un roi…
    
    Et lariver fut UN ROI… de pique.
    
    Mon cœur faillit s’arrêter de battre avant que je n’eusse compris ce qui venait de se passer. Bobby avait bien touché un brelan supérieur au mien, mais je venais de mon côté de toucher UNE FOUTUE COULEUR GRÂCE À MA DAME DE PIQUE. Je sautai de ...
    ... joie, et…
    
    BRAOUM !
    
    La déflagration surprit tout le monde. La tribune dans laquelle le public était assis vola en éclats et je fus éclaboussé de sang tandis que passaient devant moi les membres arrachés des premières victimes.
    
    TCHAKATACHAKATCHAT… TCHAK TCHAK TCHAK…
    
    Le fusil-mitrailleur faucha Bobby qui tomba sur le sol tel un pantin désarticulé. Moi-même, je me réfugiai sous la table en espérant être épargné. C’est alors qu’ils envoyèrent les gaz asphyxiants. J’ignorais à quoi cela pouvait ressembler… Je le sus alors. Une abominable odeur de merde me prit à la gorge et…
    
    … je me réveillai en sursaut, inondé de sueur et le cœur battant à tout rompre. Je mis quelques minutes à COMPRENDRE QUE J’ÉTAIS BIEN VIVANT. Et quelques secondes de plus à remarquer que l’odeur pestilentielle des gaz asphyxiants était toujours présente. Je me retournai alors vers Sally qui faisait semblant de dormir profondément, mais dont les joues étaient devenues rouge écarlate. Je compris alors ce qui venait d’arriver : je ne gagnerai jamais lesWorld Series Of Poker, mais Sally resterait à jamais la championne desWorld Series Of Prout.
    
    Je pris sur moi pour ne pas lui coller une beigne et je me levai pour ouvrir en grand la fenêtre malgré le froid glacé de l’hiver. Sauf que j’étais à poil. Je décidai de me rendre à la cuisine et de boire un verre d’eau, le temps que l’odeur disparaisse.
    
    À peine dans le couloir, j’entendis le chouinement de Zébulon qui avait lui aussi été réveillé par la ...