Les Lagarde
Datte: 12/08/2020,
Catégories:
h,
fh,
fplusag,
jeunes,
extracon,
prost,
sales,
telnet,
revede,
strip,
odeurs,
fgode,
fdanus,
coprolalie,
portrait,
délire,
Humour
Auteur: Alain Garic, Source: Revebebe
... commencerait par lui parler de l’actualité, mais critiquerait insidieusement le système des orthoministres pour la taquiner. Elle répliquerait, car elle était très conservatrice, qu’il est plus naturel de confier le pouvoir à ceux qui l’ont de fait, par leur fortune et leurs relations, que de patauger comme au siècle dernier dans la démocratie de façade. Il lui demanderait alors pourquoi confier au gouvernement élu ce qui relève, pour lui, de la sphère privée : la religion, la morale, l’hygiène… la sexualité. Elle répondrait (il la connaissait bien) que la sexualité était l’affaire de tous, car on ne pouvait plus tolérer que n’importe quel pervers se promène à l’air libre, que le XXème siècle était terminé et qu’on l’avait bien payé avec le Sida et le taux-record d’arrestations des années 2010. Il abonderait dans son sens pour l’amadouer, mais suggérerait néanmoins qu’entre gens sains d’esprit, librement consentants et follement amoureux, un peu d’intimité loin des vidéosurveillances pourrait être propice à l’épanouissement de sensualités singulières, personnellement enrichissantes et ne concernant que le couple impliqué, à savoir elle et lui si l’idée la tentait…
Non, c’était trop direct. Pas si bête, l’Ernest. Il devait louvoyer, ne pas passer pour un porc. Son désir était pur. D’ailleurs, il n’avait jamais vu une seule photo de Sillydoll. Il aimait son esprit. Il le lui avait dit et il savait qu’il avait marqué un point ce jour-là. C’était d’ailleurs par l’esprit ...
... qu’il allait l’attraper. En la faisant mouiller avec des mots choisis, comme « dévergondée ». Il aimait bien ce mot. Ou plus encore, « vergogne ». Il se sentit coupable d’un début d’érection mais répéta le mot. Il lui dirait ce soir qu’elle n’avait pas de vergogne. Le mot lui flattait la langue comme un filet de miel. Il en avait des fourmis dans le clavier. Il se connecta sur la fiche de Sillydoll. Son avatar représentait une petite Indienne en sari rose et bleu outrageusement transparent. La gorge d’Ernest se noua. Répétant « Sans vergogne… sans vergogne » entre ses dents serrées, il dégrafa son pantalon et empoigna son sexe. Ernest comprit vite qu’il allait décoller sans délai. Le pauvre n’en pouvait plus. « Sillydoll, grogna-t-il soudain, au bord de la fusion en polissant son cep, un jour, tapineuse cochonne, j’emboutirai ton popotin à grands coups de quéquette ! »
Mais sur l’écran, en attendant, sous l’avatar éteint de la petite indienne, la mentionHors Ligne narguait Ernest… sans vergogne.
-x-
À la décharge d’Ernest, personne chez les Lagarde ne regarda le film ce soir-là. Théo, le père, avait beaucoup trop de travail. Plus le chômage augmentait, plus les entreprises obtenaient de concessions en menaçant de licencier. Et plus elles obtenaient de concessions, plus elles licenciaient pour faire augmenter le chômage, qui les arrangeait bien. Finalement, quand tout le monde se retrouva à la rue, malgré l’extraordinaire assouplissement du droit du travail, le taux ...