Moi, je pourrai plus avoir d'enfant, maintenant
Datte: 10/08/2020,
Catégories:
fh,
hplusag,
couple,
neuneu,
hotel,
amour,
volupté,
Oral
pénétratio,
mélo,
Auteur: Lise-Elise, Source: Revebebe
... services sociaux. J’avais pris son fils en stage, il s’agissait simplement d’un retour d’ascenseur. Elle s’étonna pourtant de me voir m’intéresser aux procédures d’accouchement sous X. Il n’y avait aucune trace. Elle me dit que l’hôpital ne pouvait même pas faire une facture nominale. Le seul document qu’avait la mère était un numéro de dossier, valable seulement huit semaines, le temps où elle pouvait changer d’avis. Elle hésita, puis dit.
— Enfin, c’était la procédure jusqu’à maintenant. C’est un dossier récent qui vous tracasse ?
Je restai évasif, parlai de renseignement en général. Il est évident qu’elle n’en cru pas un mot.
Je retrouvai deux bulletins sibyllins, portant chacun un numéro de dossier et la notification d’un délai de huit semaines.
Karin avait abandonné deux enfants. Je retournais les éléments dans tous les sens. Bien sûr, je pouvais interpréter cela différemment. Les services de l’enfance auraient pu monter d’autres dossiers pour elle. Ses cartons débordaient de compte-rendu des services sociaux. Mais l’addition était assez lourde.
Je me pris les tempes. Ce n’était pas vrai. Karin avait peut-être fait d’autres fausses couches Ca aurait tout expliqué. Son fatalisme. Le stérilet. Mais pas ces deux bouts de papiers. Où peut-on savoir à quoi ressemble une attestation d’abandon ?
Les poupées, sur l’étagère, me narguaient.
Quand Karin rentra, elle me trouva taciturne. J’avais soigneusement rangé les boîtes, fini la déclaration d’impôt. Et ...
... je tournais et retournais la question. Savait-elle ?
Je regardai les livres sans aménité. Ces histoires d’orphelines qui la faisaient sangloter, qu’en penser ? Est-ce que c’est à ses enfants qu’elle pensait ? Est-ce que si elle était si patiente avec les petits de la crèche, c’était parce que dans tous ces bambins il y avait peut-être l’un des siens ?
Je me couchai bien après elle, ce soir-là. Elle ne dormait pas. C’était la première fois depuis notre mariage que je l’avais laissée seule dans notre lit. Son petit visage aux traits tirés, dans la pénombre, m’émut aux larmes. Je me jetai sur elle, la pris dans mes bras. Sa main sur mon dos était maternelle.
Je ne cessai de me poser des questions. Je lui caressai les seins et cherchai, en même temps, les traces des grossesses passées. Son ventre rond, vallonné, était une preuve flagrante. Ces plis, ces marques, qui m’avaient tant rassuré auparavant, c’étaient les empreintes des enfants disparus.
Je me fis plus inquisiteur. Ses hospitalisations, ses petits copains. Les albums photos. Je cherchais à la piéger. À certaines de mes questions, elle ne répondait pas. Elle regardait ses mains, et son regard, lorsqu’elle levait les yeux, me disait : pourquoi tu me fais ça ?
Je me haïssais de la faire souffrir ainsi. Je ne pouvais plus regarder un enfant de cinq ans sans penser : c’est peut-être lui. Et elle ?
Il y avait de la souffrance pour elle. Elle refusait de m’en parler. Du garçon qui l’avait mise enceinte, la ...