Jennifer 2.0 - Histoires de Sexe

Jennifer 2.0

... milliers d’hommes et de femmes qui, pour des raisons quelconques, ont été séparés d’un être cher. Il a donc pris contact avec des industriels susceptibles de fabriquer et commercialiser son cyborg, et c’est là que les ennuis ont véritablement commencé.

Las de voir les décideurs de notre beau pays de France ne pas croire à son projet – question d’habitude, hélas, et depuis fort longtemps – il s’est donc tourné vers des investisseurs étrangers. Dès lors, quoi de plus logique que de voir débarquer les seules personnes capables d’allonger les millions d’euros nécessaires à une telle réalisation, à savoir des investisseurs prétendant venir d’un petit émirat arabe ?

C’est ainsi que, moyennant un chèque avec pas mal de zéros, un contrat a été signé. Seulement, lorsque, à leur demande, il a commencé à modifier les programmes pour que sa créature réponde à leurs besoins, il a très vite compris qu’il y avait un souci.

Un cyborg, cela n’a bien entendu pas d’autre conscience que celle de son programmeur. Cela peut admirablement vous tenir compagnie, cela peut tout aussi admirablement faire l’amour – et il me semble bien que Jennifer vient de me le prouver deux fois de suite – mais il suffit aussi de la garnir d’explosifs ou de n’importe quelle autre saloperie pour pouvoir perpétrer les attentats les plus abjects… Existe-t-il quelqu’un pour simplement envisager qu’une créature aussi charmante puisse aussi être l’une des armes les plus terrifiantes ?

Ce détail, Vincent l’a très ...

... vite saisi… D’autant que les robots tels que Jennifer étaient prévus pour être intégralement reparamétrables à distance via n’importe quel accès Internet.

— C’est assez simple : comme je suis théoriquement équipée d’une carte SIM identique à celle de n’importe quel téléphone, je reçois en permanence les instructions de mon propriétaire. En clair, je peux devenir n’importe qui, mais surtout faire n’importe quoi.

Charmante perspective ! Soudain, je comprends mieux l’urgence de la situation.

— Et pourquoi tu dis que tu es « théoriquement » équipée d’une carte ?
— Parce que Vincent me l’a retirée, cette foutue carte ! Sans quoi, ces types seraient déjà là depuis longtemps, et j’aurais sans doute déjà reçu l’ordre de me débarrasser du témoin gênant que tu es !

Voilà une perspective qui, je ne sais pas trop pourquoi, ne m’enchante guère. J’essaie toutefois de ne pas bêtement céder à la panique.

— Et des Jennifer, il y en a d’autres ?
— Oui et non. Des poupées sans vie et sans programmes, oui, il y en a une bonne dizaine d’assemblées. Mais des capables d’interagir avec toi comme je suis en train de le faire, il n’y a que moi. Ton frère s’est efforcé de faire le nécessaire.
— Et justement, que lui est-il arrivé ?
— Oh, presque rien… Quand il a compris ce qui se tramait, il est allé voir les flics, qui lui ont ri au nez. Mais si la police n’y a pas cru, le contre-espionnage a tout de suite saisi l’intérêt de la chose… Mais pour l’utiliser à son profit.
— J’imagine ...