1. Une annonce peut en cacher une autre


    Datte: 07/08/2020, Catégories: hh, hplusag, hagé, inconnu, amour, intermast, hdanus, hsodo, confession, Auteur: M. Gentil, Source: Revebebe

    L’annonce sur « Le Bon Coin » est alléchante et les premiers contacts par téléphone encourageants. Deux assiettes en faïence de Nevers « fin XVIIIe » à vendre pas trop cher et pas trop loin de chez moi. En plus, au téléphone, la voix au combiné est chaleureuse. On négocie sans négocier. Le prix me va. Pourquoi l’ennuyer. L’homme doit avoir une soixantaine d’années. Il se dit simple collectionneur de vieux bibelots, comme moi. À l’en croire, il n’est pas un marchand. Il dit aimer les faïences anciennes en amateur et a décidé de revendre certaines de ces pièces. Il souhaite se consacrer aux faïences de l’ouest de la France : Rouen, La Rochelle, les Landes. Exit Nevers donc. OK. J’écoute. D’autres pièces pourront peut-être m’intéresser dans sa collection. Je regarderai, oui. Tant mieux si ça le débarrasse honnêtement. Et puis moi dans tout ça je me fais plaisir. Tout est parfait. J’adore les faïences de Nevers. Particulièrement les assiettes historiées un peu naïves. J’explique tout ça. L’homme est agréable. Poli. Il me vouvoie. Je fais de même.
    
    Il continue. La vente sera l’occasion de discuter un peu, il se réjouit d’échanger avec un jeune collectionneur. Les jeunes collectionneurs de faïence se font rares dit-il. Il s’en désespère. Ah ? OK. Le jour du rendez-vous est rapidement fixé. Il préparera des « zakouskis » et quelques boissons. Je préparerai du liquide. Cent euros. OK. Cool. Je bloque un après-midi donc, que l’on ait un peu de temps à se consacrer.
    
    Un truc ...
    ... m’étonne dans sa voix. Il semble particulièrement chaleureux, quasi prêt à me les donner, ses deux assiettes. J’ai l’impression qu’au-delà de la vente ma personne l’intrigue et l’intéresse peut-être plus que mes cent euros… Ah. En fait tant mieux. Je suis toujours avide de rencontres amicales ou plus sensuelles. Et puis j’ai toujours bien aimé les hommes mûrs. Si la rencontre doit déraper, qu’elle dérape, tant mieux. On verra bien.
    
    Le jour dit je me présente au pied de son immeuble du 14e arrondissement de Paris en chemise blanche sans veste sous mon épais manteau de laine, dans un pantalon kaki moulant comme il faut. Aux pieds des boots noires. L’immeuble est haussmannien première période. Une belle cour.
    
    Voix chantante dans l’interphone. Je monte les marches quatre à quatre pour avoir les joues un peu plus roses qu’à l’accoutumer. Je suis vraiment une petite séductrice.
    
    Bonjour enjoué. L’homme est élégant, une chemise blanche très légèrement ouverte, un léger ventre. Jeune retraité. Nez rond, crâne un peu dégarni, regard franc et doux. Un bel homme. Un pantalon gris. Il sourit. Je souris sous ma mèche bouclée. Je propose la bise. Deux. J’aime bien son odeur. Quel parfum ? Inconnu au bataillon. Il est rasé de frais. Le contact de la joue est ravissant.
    
    Je félicite l’agencement de l’appartement. Il fait chaud. J’enlève mon manteau. J’enlève mes bottines par respect pour les beaux tapis, aussi. À dire vrai, tout est charmant. Belles faïences, meubles Louis XV et ...
«1234...»