1. CHAPITRE 15 : Adoption


    Datte: 14/04/2018, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Cramache, Source: Hds

    Quelques mois ont passé, Samuel est toujours avec nous, il n’a pas tenté de fu-guer à nouveau. Cette nuit-là, j’ai eu une longue conversation avec lui, j’ai su ga-gner un peu de sa confiance. Il est remonté se coucher, j’ai veillé encore un peu par acquis de conscience, et j’ai retrouvé Sylvain qui ne dormait pas. Il a écouté le récit de ma soirée, impressionné par mes aptitudes au dialogue. On s’est en-dormis dans les bras l’un de l’autre. Le lendemain, Sylvain l’a emmené au com-missariat, les policiers ont posé de nombreuses questions, et ils ont révélé que l’incendie était volontaire. Cela a causé un choc à Samuel qui s’est refermé sur lui-même. Sylvain a fait ce qu’il a pu pour l’aider.
    
    On a fini par l’envoyer voir un psychiatre, car il refusait de nous parler. Petit à petit, il s’est rouvert à nous, et la vie a repris son cours, pendant que l’enquête policière continue. Samuel ne demande rien, mais nous nous renseignons réguliè-rement, et justement, les enquêteurs veulent nous rencontrer avec le petit. Syl-vain et moi faisons de notre mieux pour le rassurer. Depuis l’enterrement de ses parents, Samuel se sent perdu, il n’arrive pas à comprendre pourquoi on a voulu les tuer. Nous ne savons plus quoi faire, nous le soutenons autant que pos-sible. Lorsque les deux enquêteurs s’assoient face à nous, à la table de la salle à manger, il nous prend la main pour avoir du courage :
    
    -Merci de nous recevoir, dit le plus vieux des enquêteurs, ça ne prendra pas ...
    ... longtemps.
    
    -C’est normal, réplique Sylvain, nous voulons connaitre la vérité.
    
    -Nous aussi, réplique l’autre enquêteur en ouvrant le dossier devant lui. Samuel, connais-tu cet homme ?
    
    Il tend une photo qui représente un homme à l’aspect ordinaire, avec une peau grasse et pendouillant, une calvitie naissante et des lèvres flasques. Le seul trait marquant chez lui, ce sont ses yeux. Il a le regard cruel et sadique, avec une lueur effrayante. Si je le voyais dans la rue je ne le remarquerais pas, sauf s’il me fixait. Je tremble de peur à l’idée que ce criminel approche de ma fa-mille. Instinctivement, je me rapproche de Samuel pour le protéger. De l’autre côté, Sylvain en fait autant. Samuel s’accroche plus fort, il est pâle et effrayé :
    
    -Je sais pas comment il s’appelle, je l’ai souvent vu dans mon quartier, il habite dans un des immeubles de Bien-Assis.
    
    -Il s’agit de George Blasin, dit le Broyeur. Un criminel notoire, explique le vieil enquêteur. Il est connu de nos services, mais on n’a jamais pu le coincer. Des témoins ont vu tes parents avec lui à de nombreuses reprises. Est-il déjà venu dans ta maison ?
    
    -Non, je ne l’ai jamais vu chez nous, répond Samuel. Je ne lui ai même ja-mais parlé, tout le monde a peur de lui. Mes parents n’auraient pas osé…
    
    -Nous le pensons aussi, l’interrompt doucement l’enquêteur. Mais tes pa-rents travaillaient dans une entreprise de transport, et il devait avoir besoin de leur service. Ils auront refusé, et il s’est vengé. Il a dû vouloir ...
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