1. Effrayant derrière


    Datte: 30/07/2020, Catégories: ff, copains, exercice, Humour Auteur: Théo Kosma, Source: Revebebe

    ... l’humour, mais malgré tout je le sentais inquiet. Quelques semaines après, j’y ai réfléchi et j’ai compris que ce qu’il m’avait dit ce jour-là au magasin était sincère. J’ai aussi compris pourquoi il m’achetait toujours des fringues aussi larges.
    — Et tu acceptais facilement ?
    — J’avais conscience de mes formes sans avoir conscience de l’attrait qu’elles pourraient avoir. Et, consciente ou non, je me suis longtemps foutue de l’attirance que ça pouvait amener.
    — Ça a bien changé.
    — Je m’en suis aperçue peu à peu, et pendant longtemps ça m’a fait marrer. Je n’ai commencé à trouver ça excitant que bien plus tard.
    — Est-ce que ton père a eu tort de s’en faire ?
    — Sur le coup, on en veut toujours aux parents. Après coup on leur pardonne et on les comprend. Jusqu’à mon adolescence, j’étais en baggy, tee-shirt XL et casquette. Pourtant, Dieu sait si papa détestait la culture hip-hop !
    — Il t’a fait adopter ce look par amour pour toi. Comme c’est chou…
    — J’ai pas été dupe éternellement. À partir d’un certain âge, tu penses bien, je me suis mise à sortir avec du moulant.
    — Il te donnait le droit d’en acheter ?
    — Au début, j’ai carrément appris la couture pour faire des retouches sur certaines fringues. Puis j’avais aussi mes petites techniques. Remonter le futal le plus haut possible, serrer le nœud à fond. Tout ce que je pouvais pour que la forme se dessine au moins un tout petit peu.
    — Les parents devraient comprendre que plus ils en font, plus on fait le contraire. ...
    ... Par opposition.
    — En partie, oui. Pas seulement ! Je me suis aussi mise à mieux considérer mon cul. À l’aimer… Au fond, j’en ai été la première fan ! Puis, voir toutes ces œillades, au final c’était drôlement chouette.
    — Il avait peur que ça te rende superficielle. Les filles qui attirent trop de mecs et trop tôt ont tendance à le devenir.
    — Vu que je ne pouvais pas toujours sortir avec du moulant, je suis arrivée à passer le cap. J’avoue que c’était très net : les jours de moulant, je me baladais dans la rue ou je sortais avec un garçon. Les jours de baggy, j’allais bûcher à la bibliothèque ou me faire une expo.
    — Donc il a bien agi !
    — Tout compte fait, je dirais que oui. Pas étonnant qu’il ait un avis pertinent sur la question. Les derrières, papa, il en connaît un rayon. Je le soupçonne d’en avoir beaucoup palpés, et pas que du temps où il était célibataire.
    — Un spécialiste des fesses ?
    — Un vrai pro. Et en ce sens, son inquiétude était presque une sorte de déformation professionnelle. Un peu comme les producteurs de pornos terrorisés à l’idée que leur progéniture se lance un jour dans le porno. En plus, à la maison, il voyait bien que mon corps changeait et devenait de plus en plus attirant. Les rideaux, il ne les fermait pas que dans les cabines d’essayage : il fermait aussi tout le temps ceux du salon et de ma chambre.
    — C’était exagéré.
    — Pas tant que ça ! Quand je sortais de la salle de bain, ou même parfois quand il faisait très chaud… je ne portais pas ...