L'amour du risque
Datte: 29/07/2020,
Catégories:
fh,
nonéro,
Auteur: Sofie, Source: Revebebe
... sur la porte à plusieurs reprises :
— S’il te plaît, pardonne-moi et ouvre-moi. Ne reste pas là, sors si tu veux bien.
Je ne réponds pas tout de suite, ne sachant pas quoi lui répondre et encore terriblement énervée. Finalement, sachant bien que je vais devoir sortir, je décide de lui répondre quand même.
— Va-t-en ! Je ne veux plus t’entendre. J’te dégoûte peut-être, mais de là à me repousser ! Je ne mérite pas ça !
Je crie cela à travers la porte toujours le regard plein de désarroi dans la glace.
— J’suis désolé. Ne dis pas de bêtises en plus, ce n’est pas ça.
A cet instant sa voix m’horripile.
— Ne me prends pas pour une conne en plus ! C’est déjà assez humiliant pour moi.
Enervée, je prends la première chose qui passe sous ma main et la jette contre la porte.
— Ouvre-moi. Je t’en supplie. La raison ce n’est pas toi. Je te le promets, bien au contraire.
Sa voix parait troublée, elle aussi par ce qui se passe. De toute façon, je vais bien devoir sortir. Mais pas avant de savoir la raison, s’il y en a vraiment une.
— Alors dis-moi pourquoi ? C’est mon poids, mon visage. Quoi ? Quoi de si affreux pour être repoussée. Dis-moi, ou je ne sors pas !
— Je ne peux pas ! C’est… Non, je ne peux pas, pas comme ça…
Le trouble est évident dans sa réponse mais je ne céderai pas, à lui d’être gêné.
— Va te faire foutre Stéphane ! Tu te fous bien de ma gueule depuis le début ! T’es qu’un connard comme tous les autres !
— Non, je te jure que non ! ...
... Crois-moi…
— Pourquoi alors ? Hein Stéphane, c’est quoi ton si grand secret ? T’es marié ? J’suis ta maîtresse mais t’es pas assez courageux ou moi pas assez jolie pour te laisser tenter jusqu’au bout !
Plus de larmes dans ma voix, seulement de l’agacement et de la colère contre lui.
— Ne m’oblige pas à te le dire, pas comme ça…
Sa voix devient suppliante, je n’en ai que faire.
— T’es qu’un connard. Même derrière une porte, t’es pas capable de dire la vérité. Tu me dégoûtes.
Mes mains serrent de toute leur force le rebord du lavabo.
— J’ai le SIDA ! Voilà pourquoi !
Comme pour mieux accentuer cette phrase, son poing cogne la porte violemment. Je reste figée une seconde, abasourdie par ce qu’il vient de dire. Ne réalisant qu’après un laps de temps qui paraît une éternité. Abasourdie, voilà comment je me sens. Ni en colère, ni triste, ni rien. En un mot surprise.
Je saisis un mouchoir dans la pièce, sèche mes yeux et tente d’essuyer un minimum les traces de mon maquillage défait. Puis, je pose ma main sur la poignée de la porte. Figée, je n’ose l’ouvrir de suite. Que vais-je dire après ? Je pose mon oreille contre la porte, tentant de deviner ce qui se passe de l’autre côté. Je n’entends rien, absolument rien. Il est temps que je prenne le courage d’ouvrir et d’affronter la situation. Je tourne la poignée et sors de la salle de bains.
Stéphane est assis sur le fauteuil, le regard dans le vide. Je m’avance et m’assieds sur le canapé en face de lui. ...