Mémoires d'un amnésique - Histoires de Sexe

Mémoires d'un amnésique

... intervint Karen.

Oh oui, je l’attendais la suite. Et même avec une grande impatience.

— Je suis resté assommé par terre, et quand j’ai repris mes esprits, je me suis aperçu d’un truc tout simplement énorme ! J’avais perdu la mémoire !

Des trombes d’eau se déchaînèrent contre les vitres ; la pluie elle aussi, semblait vouloir s’inviter pour écouter l’histoire de Floyd Rackman, histoire qui d’ailleurs commençait tout de même à devenir intéressante.

— Donc vous êtes amnésique ?
— C’est ce que le médecin m’a dit, oui. Il ne peut pas se prononcer davantage et avoue son manque de connaissance sur la question. C’est plutôt extraordinaire non ?
— Et vous auriez donc besoin de moi pour vous aider à retrouver la mémoire ?
— Oui, j’aimerais bien. Tout ce que je sais, c’est ce que j’ai pu reconstituer à partir des éléments que j’ai trouvé chez moi. Mes papiers d’identité indiquent que je m’appelle Floyd Rackman et que je suis né il y a 32 ans dans le Minnesota. Je suis vraisemblablement célibataire et, vu que personne n’a composé mon numéro de téléphone pour se plaindre de mon absence, j’en ai donc conclu que j’étais sans emploi.

Je tiquai un peu : sans emploi, cela n’est pas forcément encourageant pour mes notes de frais. Mais cette histoire d’amnésie était toutefois digne d’intérêt. Je repris :

— Et vous n’avez vraiment aucun souvenir ? Quelque chose qui pourrait ressurgir de votre passé ?
— Non, rien, juste une vague idée fixe qui me trotte dans la tête.
— Ah ...

... ! Et laquelle ?
— Je crois que j’ai été, à un certain moment de ma vie, Président des États-Unis d’Amérique !
— OK, je vois. Mr Rackman, ne vous inquiétez pas, je vais m’occuper de tout. Attendez-moi ici quelques instants. Karen, viens avec moi dans la pièce à côté.

La demoiselle me suivit dans la pièce voisine et je pris soin de bien refermer la porte pendant que tout de suite elle commençait à parler :

— C’est incroyable cette histoire, non ? Dès qu’il m’a dit tout ça, j’ai tout de suite compris qu’il fallait que je te l’amène. Je pense que l’on va aller de surprise en…
— Karen, s’il te plaît, appelle le 911. Je crois qu’on a un évadé de l’asile chez nous.
— Ah bon ?
— Mais enfin, ce type pense qu’il est un ancien Président amnésique et toi, cela ne te choque pas ?
— Et pourquoi pas ?
— Moi, en tout cas, je vais le mettre dehors vite fait.
— Mais enfin, Don, on ne peut pas l’abandonner comme ça !
— Toi, peut-être pas, mais moi, je ne vais pas me gêner.

Je vérifiai tout de même que j’avais sur moi mon fidèle Colt (les fous peuvent parfois se montrer dangereux) et je retournai dans le bureau.

— Je suis désolé, Mr Rackman, mais je suis vraiment débordé en ce moment et je…
— Oubliez-le, Floyd, venez plutôt avec moi !
— Mais enfin, Karen !
— Oui, si tu ne veux pas t’en occuper, moi je vais l’aider !

Et avant que je n’aie pu objecter quoi que ce soit, elle avait embarqué mon ex-futur-client en direction de la sortie. Je restai un instant contemplatif ...