1. Belladone, aux vénéneuses séductions !


    Datte: 21/07/2020, Catégories: fh, ff, prost, caférestau, Voyeur / Exhib / Nudisme odeurs, Oral 69, mélo, portrait, policier, bourge, Auteur: Asymptote, Source: Revebebe

    ... [Belladone]. J’ignore cependant son vrai nom.
    — Et sais-tu où je puis la trouver ?
    
    Elle lui désigne une maison à deux cents mètres de là. Il lui glisse quelques pièces, non par habitude de rétribuer les indications qu’on lui fournit, mais parce qu’elle a remué une poignante nostalgie au fond de lui-même. Il veut n’y voir que commisération, sentiment auquel, de coutume, il n’incline guère pourtant.
    
    Il découvre rapidement une façade décatie dont le torchis s’effrite par plaques entre des poutres pourrissantes. Des lettres mal calligraphiées annoncent « Au Rhin » et ne masquent qu’à peine une suscription plus ancienne qui avait dû proclamer « Am Rhein ». Le retour de l’Alsace dans le giron français n’a donc pas suscité la verve des propriétaires.
    
    En guise d’unique fenêtre, une meurtrière crache des bouffées fuligineuses et cuivrées qui sont porteuses d’un brouhaha confus. Lescroq pousse la massive porte en bois puis dévale une volée de marches pour se retrouver dans une étuve surchauffée, embrumée par une dense fumée et exhalant les fortes odeurs du pétrole avec lequel on a aspergé le sol de terre battue. Repérant dans un angle une table qui n’accueille qu’un dormeur ivre affalé, il se fraye un passage vers celle-ci, non sans difficulté tant les chaises occupées par d’impressionnantes corpulences obstruent l’espace.
    
    Essuyant son front dégoulinant d’un revers de manche, il jette un premier coup d’œil sur la cour des miracles dont il vient de forcer le ...
    ... seuil.
    
    Derrière le comptoir trône la patronne ; enfin, une masse gélatineuse esquissant forme humaine surmontée d’une tête congestionnée coiffée d’un toupet blond. Elle tient beaucoup de Bibendum et semble avoir enfilé plusieurs bouées sous sa robe.
    
    L’époque où les qualités de belle et de grasse se rehaussaient mutuellement est hélas révolue, et même alors les charmes de Madame Rose auraient été jugés trop plantureux pour lui valoir le titre de Vénus. De la rose, elle étale les pétales défraîchis, dépouilles d’une fleur fanée, gonflée à la limite du pourrissement qui s’étiole. On en repère d’abord l’enflure des pis tremblotants comme du pouding qu’elle repose sur le zinc où ils pataugent dans les ronds de bière. Quand la Rose se redresse, son poitrail accuse un temps de retard, demeure collé au comptoir et s’étire mollement avant de se décider, plein de regrets, à suivre le mouvement de sa propriétaire.
    
    Elle présente toutes les grâces du pachyderme, jusqu’à l’accent barrissant ; dans la savane, elle aurait sans doute ébloui bien des hippopotames. Une toute petite tête domine ce corps particulièrement dodu – du moins le jeu des proportions la fait-elle paraître ainsi – évoquant infailliblement une noisette couronnant une citrouille. En conquérant indocile, le poil envahit son visage. Deux tresses l’encadrent de leur blondeur et feraient typiquement Gretchen si elles contenaient les cheveux qu’elles nattent. Malheureusement, des mèches rétives s’en échappent un peu partout et se ...
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