Unités de compte - Histoires de Sexe

Unités de compte

... de perdre mon argent, mais surtout tes économies. Alors j’ai accepté.
— Mais tu t’es fait rouler à nouveau ; c’est juste sa parole contre la tienne.
— Oh non, on ne me prend pas pour une conne deux fois. On a fait un contrat. Mon exemplaire est au coffre de la banque. Il me fait chaque fois un papier. Des "unités de compte" qui valent un délai, et même qu’en les cumulant je peux en échanger pour du capital.
— En unités de compte ? Mais qu’est ce que cela veut dire ?
— C’est un peu sordide. J’aimerais mieux ne pas détailler. Je voulais juste t’expliquer que ce que tu avais vu n’était pas par plaisir, mais par obligation. Bien sûr, tu peux ne pas pardonner.
— Je veux tout savoir. Maintenant, plus rien ne peut m’étonner.
— Dis-moi au moins si tu me comprends.
— Ce que je comprends, c’est que tu as joué avec le feu et que maintenant nous sommes dans une merde noire. Alors accouche. Ne fais pas ta délicate. Ce n’est pas le moment, surtout après ce que…
— D’accord. Je sais ce que tu as vu. L’unité de compte, c’est très simple. Max seul, c’est une unité. Max avec un autre, c’est trois unités. Max avec deux autres, c’est cinq unités.

Je ne peux croire ce que j’entends. Les unités de compte, je m’en fou ; ce que je retiens, c’est « Max et deux autres ». Martine doit lire la stupeur sur mon visage. Elle essaye de minimiser l’impact de ce qu’elle vient d’avouer.

— Oh, c’est assez rare. Mais en une soirée, cela fait cinq unités.

Elle m’avoue cela comme si elle comptait ...

... des bonus du supermarché. Au point où j’en suis, je demande à savoir à combien correspond l’unité. Combien en durée, ou combien en argent. Mais elle est catégorique.

— Jamais. Non, jamais je te le dirai. C’est trop humiliant.

Où va se nicher l’amour-propre ! Je n’insiste pas.

Pendant tout le temps de cet échange, Martine a marché de long en large, s’arrangeant pour ne pas capter mon regard. Le silence s’installe. Elle s’assied dans l’autre fauteuil. Toujours en évitant de me regarder, elle semble attendre mon verdict.

Quelle différence ! Elle s’est habillée comme chaque jour, élégante mais discrète. Elle m’avait expliqué que dans sa profession, il ne faut pas se montrer trop audacieuse ou trop belle. Toujours en retrait pour mettre en valeur la cliente. Où est passée la femme de cette nuit ? Mais manifestement une question la taraude :

— Le miroir ! Comment l’as-tu trouvé ?

Je lui explique ma découverte et l’hypothèse que Max soit l’installateur de l’objet.

— Je ne savais pas. Quel salaud !

Je ne peux m’empêcher de réagir à cet aveu.

— J’imagine que tu ne savais pas, sinon tu ne m’aurais certainement pas demandé de toucher à cette cloison.

À nouveau le silence s’installe. Je rumine. Martine voit bien que je ne dirai rien de plus.

— Si tu veux bien, je vais aller travailler.

Elle prend mon silence pour un accord. Elle se lève, s’arrête vers moi et pose sa main sur la mienne. Comme je ne recule pas, elle murmure :

— Jean, quelle que soit ta ...