Say'in my song - Histoires de Sexe

Say'in my song

... fait, non ? Mais… Si j’avais voulu être actrice, ou mannequin, sans doute, je l’aurais fait.

Cendrine joue distraitement les notes écrites sur la partition. Ce n’est pas sa tessiture. Marc lève la tête.

— Où as-tu trouvé ça ?
— Dans ton carnet.

L’atmosphère, d’un coup, a changé. Un regard. Rien encore dans les paroles. Rien même dans le son de la voix.

— Tu fouilles mes affaires, maintenant.

Sous l’ironie, Cendrine sent une menace.

— Quand tu les laisses sur le piano, ça m’arrive, oui.

Il ne répond pas. S’il parle, s’il bouge, il sait qu’il ne se contrôlera pas. Alors, il se tait, domptant la fureur qui déforme ses traits. Il sait que c’est irrationnel. Il lui arrive, souvent, de laisser ses notes n’importe où. Même celle qu’il devrait cacher.

Cendrine ferme le cahier, se lève. L’orage n’a pas éclaté.

Plus tard, au milieu de la nuit ou au petit matin, la jeune femme demandera, profitant du calme tendre d’après l’étreinte :

— Tu vas faire un disque pour elle, non ?
— Qui ça, ma douceur ?
— Vickie. Tu prépares un disque pour elle.

C’est elle qui l’affirme. Il ne répond pas.

— Tu ne feras pas la tournée avec moi ?
— Vous avez signé les trois chansons qui caracolent en tête de vente aujourd’hui. Ça fait quel effet ?

Le tailleur blanc de la journaliste met merveilleusement sont teint mat en valeur. Marc s’étire, s’affale un peu dans le fauteuil, avant de répondre.

— Je me sens beaucoup plus riche.
— Vous êtes fier ?
— Moi ? Non. ...

... Pourquoi donc !
— Tout de même, c’est un beau succès.
— Pour elles, oui. Pas pour moi. Si elles ne chantaient pas, vous ne voudriez pas de moi-même pour nettoyer vos chiottes.

Une ombre traverse le joli visage. Elle reprend, sur un ton égal :

— Elles, ce sont trois femmes qui ont beaucoup compté pour vous.
— Compté ? Non, c’est moi qui encaisse.

La journaliste a un sourire pincé. Elle n’a pas l’intention de parler d’argent. Ça choque les lecteurs.

— Commençons par Amandine. Vous avez tout fait pour elle.
— Y compris la sauver du désastre en lui offrant une chanson bancale que les deux autres avaient refusée avant, oui. Je ne sais d’ailleurs pas si elle s’en remettra.
— Vous voulez dire que Vickie Minel a refuséBanane et Kiwi ?
— Oui, et Cendrine avant elle. Elles avaient foutrement raison, d’ailleurs.
— Vous n’êtes pas tendre avec Amandine.
— Oui. Je suis quelqu’un de constant.

Elle pensait l’amener à riposter, à répondre aux attaques violentes que la chanteuse zézayante avait lancées contre lui. Mais rien. Elle hésite, ne sais plus comment reprendre.

Elle se jette à l’eau :

— Il court beaucoup de rumeurs sur la chansonLitanie. Je précise d’ailleurs que la plupart des chaînes de radio l’ont censurée.
— Je leur dois un grand merci pour cela. Leur refus en bloc a fait décoller les ventes de Cendrine.
— Vous aimez qu’on vous censure ?
— Non, enfin, pas trop souvent. De temps à autre, c’est agréable.
— Et les rumeurs ?
— Lesquelles ?
— Vous les ...