1. La Corotte de Tchotchon (2)


    Datte: 07/07/2020, Catégories: Inceste / Tabou Auteur: Anthynéa, Source: Xstory

    Mon vingt et unième anniversaire était consommé depuis quelques mois déjà. Les nouvelles venues d’Afrique du Nord n’avaient rien de bien réjouissant. Louis n’avait plus envoyé de lettre depuis quelques mois. Si papa ne disait jamais un seul mot sur cette guerre, il se faisait un sang d’encre pour son fils. Depuis sa fameuse nuit d’ivresse, il avait tenu sa parole et je ne l’avais plus jamais revu bourré. Ou alors d’une tout autre ivresse et celle-là, je la partageais toujours avec un réel plaisir.
    
    La vie à la ferme, à défaut d’être joyeuse était calme et malgré le travail engendré par les animaux et les champs, nous vivotions au fil des saisons qui inlassablement revenaient avec des couleurs et des senteurs identiques. C’était par un petit matin de printemps. Un de ceux où le gel couvrait encore les arbres décharnés d’une pellicule givrée qui mourrait sous les assauts des rayons d’un soleil de plus en plus chaud, que mon regard était attiré par un point minuscule. Tout au bout de la route empierrée, ce petit trait sombre grossissait à vue d’œil. Le facteur ?
    
    À cette heure trop matinale, ça ne pouvait être lui. Un visiteur inconnu ? Pourquoi quelqu’un viendrait-il se perdre dans une campagne et un lieu aussi paumés que nos terres ? Pourtant, appuyée sur le flan de l’évier devant la fenêtre, j’écartais les rideaux pour suivre l’avancée de ce personnage qui visiblement venait tout droit chez nous. Quand enfin je pus distinguer autre chose que les contours flous de cette ...
    ... silhouette, la couleur brun sombre de son bagage me sauta aux yeux. Mon cerveau mit un temps assez long pour analyser les images qui remontaient en lui.
    
    Cette valise, cette dégaine aussi ne pouvaient appartenir qu’à… mon frère. Louis, Louis qui sortait de nulle part, par un petit matin de mars. Notre soldat qui rentrait au bercail après des mois de silence. Puis en scrutant sans y croire vraiment l’homme qui marchait d’un bon pas, je me rendais compte qu’il portait ses vêtements civils. Mon cœur battait dans ma poitrine, alors que je m’élançais vers le gamin de retour. Et lui venait de voir surgir cette folle de la cuisine. La valise était plus jetée que posée, pour que ses deux bras largement ouverts m’agrippent avec force.
    
    — Mon Dieu Louis ! C’est vraiment toi ? Tu as quelque chose de changé, tu sembles le même, mais si diffèrent !
    
    — Vingt-sept mois en Algérie ne m’ont pas laissé intact, tu le devines bien !
    
    — Comme je suis heureuse que tu sois de retour… tu vas rester n’est-ce pas ?
    
    — Oui ! Pour moi, c’est fini… enfin dans un mois parce que j’ai rendu tout le barda, mais je suis encore soldat en permission pour trente jours. Je ne me souvenais plus que tu étais une si belle jeune… femme. Tu vas bien ? Et papa, il n’est pas là papa ? J’ai hâte de le revoir lui aussi, tu sais !
    
    — Ben… m’est avis que le retour de son fils va le rendre heureux… il est avec le cheval aux champs de « la Corotte ». Il prépare la terre pour les patates…
    
    — Ah oui, les patates ! ...
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