Sieste d'hiver
Datte: 06/07/2020,
Catégories:
forêt,
campagne,
amour,
revede,
nonéro,
Auteur: Musea, Source: Revebebe
... qui trône sur la commode.
Le bois sec attend près de l’âtre qu’une bonne âme le fasse cuire.
Je regarde les vitres à regret. Mais il fait trop froid pour rester ici sans abîmer les dessins enguirlandés de l’hiver. Bientôt le feu crépite dans le cantou. J’ai posé la lampe à pétrole près de la fenêtre pour le voyageur égaré.
Je glisse un œil sous le journal du panier aux provisions. Des pommes de terre, quelques oignons, des noix… Et dans le cellier, un saint nectaire, un pot de rillettes d’oie et quelques poires en conserve… De quoi trousser un dîner sympathique. Je souris en préparant le repas. Des bribes de chansons me reviennent. De celles que les enfants fredonnaient autrefois.
— Vous avez oublié le pain, jeune dame…
— Puisque vous l’apportez, monsieur…
— Vous avez oublié le vin, ma chère âme.
— L’eau de la source nous ira mieux.
Un grattement à la porte. C’est Nella, la chienne rousse des voisins qui réclame sa place près du feu, le museau humide, la fourrure emperlée de flocons. Elle me fait fête et va fureter près de mes casseroles, amicale.
Sa présence me console de celle de l’absent dont les pinceaux, la guitare sont restés oubliés sur la table.
Il est presque huit heures.
La nuit enveloppe la campagne. Les sapins se dressent, fantomatiques derrière la maison. J’ai froid soudain malgré la flamme haute. J’ouvre la grande armoire pour y cueillir une de ses chemises épaisses, en flanelle écossaise qu’il traîne pendant les jours gris à ...
... l’atelier. L’odeur de térébenthine me rebute un peu mais je m’y glisse, et je trouve pour compléter ma tenue, un vieux poncho, souvenir d’un voyage au Mexique.
Me voilà parée.
Je pense à son rire me découvrant ainsi vêtue, à son regard, plein de malice. Et je souris en tournant les patates rissolées dans la cocotte en fonte, parmi les oignons doux, le thym et la graisse d’oie…
Dîner solitaire devant la cheminée. Nella s’est endormie à mes pieds, le museau entre les pattes. Un reste de verveine dans le flacon à liqueurs, jette une couleur anisée sur la pierre grise du foyer.
Je voudrais encore l’attendre. Ne pas sombrer dans le sommeil avant que monsieur rentre…
Mais il fait si doux, si sombre sur le canapé bleu.
Et je suis si bien…
Je m’abandonne à la chaleur des flammes, à cette tiédeur enveloppante. Ne manquent que tes bras, amour, tes baisers et cette envie qui nous étreint lorsque nos regards plongent dans la même eau, mi-bleue, mi-noire…
"Dans les replis sombres de ma mémoire, lactés de chèvre, en bouc amoureux… remonte, musicalement, remonte… Je veux te foutre par l’oreille, auvergnate d’amour. L’amour est une chose, qui descend de cheval, l’amour est donc un genre qu’on refuse à sa mère… Mais au fond des bois, où la vie appelle, on ne sait pas trouver celui qu’on veut aimer…Il est temps ma chère… je ne suis plus sûr que les règles d’une bonne baise, soient celles de la politesse… on m’arrache aux genêts, on me fait d’une tige et puis on me ...