1. Tea Time


    Datte: 25/06/2020, Catégories: fh, jardin, init, Humour fantastiqu, Auteur: Patrik, Source: Revebebe

    Le commandant Pierre Dumas n’eut guère le temps de dire « ouf » : son avion de chasse explosa en plein vol, le transformant en son et lumière.
    
    Une belle fin, nette, rapide et évocatrice pour celui qui incarna l’homme viril pour toute la base, un homme canaille à ses heures, homme à femmes, au passé africain chargé de lourdes perplexités à son encontre. Sa vie fut un splendide feu d’artifice aux mille couleurs : sa mort en fut de même.
    
    Jean-Émile de Bassonrocaille (JEB pour les intimes) n’eut pas non plus le temps de dire « ouf » que sa voiture antédiluvienne pila net sur la petite route départementale déserte. Il sortit dépité de cette fichue automobile à peine payée après dix ans de traites et se tint debout, près du fossé, à maudire cette cruelle destinée qui l’avait fait naître titré d’une antique noblesse et sans le moindre sou vaillant. Il soupçonna Dieu d’être définitivement du côté des manants.
    
    Tandis il maugréait sur son sort injuste, une fine fumée sortait de dessous le capot de sa voiture. Là-haut dans le ciel, une fine traînée suivait l’avion de chasse qui virevoltait dans le ciel sans nuage. Jean-Émile leva les yeux et suivit, rêveur, l’oiseau de métal, songeant que c’aurait peut-être été là sa destinée, aux commandes d’un épervier étincelant, en plein ciel, loin de la foule vulgaire, plutôt que derrière un bureau administratif à aligner les chiffres pour en faire des nombres.
    
    Il contemplait, méditatif, le firmament quand, soudain, une gerbe de feu ...
    ... illumina le ciel pourtant bleu azur. Hébété, il constata que l’avion de chasse avait explosé sans qu’il ne distingue aucun parachute à l’horizon. Frissonnant, il se dit que, finalement, sa place au sol avait du bon !
    
    Soupirant, d’un geste calculé et fataliste, il sortit son téléphone portable de la poche de son costume élimé et composa, sans même regarder les touches, le numéro du garagiste, un copain d’enfance chez qui il avait un abonnement à l’année pour son épave roulante.
    
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    Pierre ouvre les yeux, un flou artistique l’entoure. Où est-il donc ? Il était aux commandes de son avion pour un entraînement de routine quand, plouf, plus rien. Rien de rien, le trou noir dans toute sa splendeur.
    
    Il écarquille les yeux au maximum mais rien n’y fait. Pas moyen non plus de remuer le petit doigt ou le moindre orteil. Il entend un brouhaha lointain.
    
    — Je suis dans le cake ! songe-t-il.
    
    Alors il attend que ça se passe. Ça lui rappelle le jour où il avait reçu quatre balles dans le corps de la part d’un notable colonial un peu trop jaloux des charmes de sa jeune femme de 25 ans de moins que lui. Celle-ci, très désabusée sur les performances conjugales du notable replet, avait vite flashé sur le fringuant jeune homme qu’il était alors. Un sacré numéro cette Amandine ! Il en sourit avec tendresse…
    
    Et il attend que ça se passe…
    
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    Jean-Émile est debout face à sa voiture qui vient d’être remorquée, le portefeuille bientôt un peu plus vide que ce ...
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