1. Le jeu de la séduction et de la mort (1)


    Datte: 22/06/2020, Catégories: Divers, Auteur: Erika Sauw, Source: Xstory

    En quelques minutes, le ciel s’était considérablement obscurci. Un orage allait balayer la chaleur de cette étouffante journée d’été. Maylis l’espérait, mais priait pour que les premières gouttes commencent à tomber quand elle serait à l’abri dans le taudis qui lui servait de logement. Elle accéléra le pas et fut tentée d’enlever ses sandales, mais la saleté du trottoir l’en dissuada. Il en émanait des odeurs peu naturelles.
    
    Le premier grondement de tonnerre fit jurer la jeune fille. Dans son empressement, elle manqua de bousculer l’une des personnes avec lesquelles elle partageait cet étroit trottoir. Elle descendit sur la chaussée, mais se rangea immédiatement contre un mur, quand une voiture passa à deux doigts d’elle. Elle ne l’avait pas entendue venir, car ces véhicules électriques étaient aussi silencieux que des ombres. Dans ce dédale de ruelles, les piétons et les automobilistes ne faisaient pas bon ménage.
    
    Maylis rêvait de changer de quartier, mais pour cela, le seul moyen était de changer d’homme, car elle ne travaillait pas et n’aurait jamais les moyens de payer un loyer. Elle n’avait aucune perspective. Les quelques amies qui lui restaient étaient dans la même situation et la plupart se prostituaient occasionnellement ou tous les jours. Cette nécessité était si impérieuse qu’elle s’était transformée en normalité, mais avec les mœurs et coutumes de l’époque, ce n’était pas considéré comme dégradant. Il suffit à Maylis de jeter un coup d’œil vers la gauche ...
    ... pour repérer deux filles de joie, sous la porte d’une maison, exhibant leurs poitrines. Elles donnaient l’impression d’être revenues au dix-neuvième siècle, à l’ère où le numérique dominait le monde. Mais le progrès n’avait pas touché toute la société, et surtout pas ces maisons qui remontaient à plus de deux siècles et paraissaient n’avoir jamais été rénovées.
    
    Au fond, qu’est-ce qui distinguait Maylis de ces deux femmes ? Contre un toit, elle avait offert son corps à Kilian, un jeune homme qui l’avait accostée dans un parc. Il l’avait conduite chez lui et lui avait offert à boire avant de la mettre dans son lit. Elle avait décidé de rester avec lui, car il était charmant et sympathique, mais il s’était révélé n’être qu’un bon à rien. Heureusement qu’elle disposait d’un moyen de contraception ! Faire des enfants quand on était seule n’était pas une bonne idée, le gouvernement délivrant très peu d’aide. Tout était fait, au contraire, pour réduire la population. Le stérilet de Maylis ne lui avait pas été offert, mais lui avait été imposé, et il lui faudrait demander une autorisation de l’administration pour le retirer.
    
    Les premières gouttes d’eau tombèrent. Il ne restait plus qu’une cinquantaine de mètres jusqu’à la maison, mais quelques secondes plus tard, des trombes d’eau s’abattirent. La petite robe de Maylis fut immédiatement trempée et lui colla à la peau, soulignant ses formes voluptueuses. Quand elle parvint à la porte d’entrée, elle était ruisselante. Elle n’était ...
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