1. Réalité virtuelle


    Datte: 12/06/2020, Catégories: f, bizarre, voiture, odeurs, fantastiqu, Auteur: Armel, Source: Revebebe

    Sur l’écran à fond sombre, Elsa dessina à l’aide d’un stylo optique la première chose qui lui passa par la tête. Il s’avéra que cette vague idée se concrétisa sous la forme d’un engin motorisé qui ne ressemblait à aucun autre, mais tout droit issu de ses désirs inconscients. Elle se dit un instant que les fantasmes liés aux bagnoles, c’était plutôt l’apanage des mecs, mais cela ne lui déplaisait pas.
    
    La forme oblongue particulièrement marquée trahissait ses préoccupations du moment. Elle ne dessinait pas seulement avec son esprit, mais également avec son ventre empli d’un grand vide depuis trop longtemps. Cela restait néanmoins innocent en apparence : ce n’était qu’une voiture, après tout. À quoi pouvait bien ressembler l’intérieur ? On n’en voyait rien.
    
    Mais Elsa avait un don : tout ce qu’elle imaginait se matérialisait aussitôt dans sa réalité, tout près d’elle. Elle quitta l’écran et constata que cette faculté ne l’avait pas quittée en apercevant dans la rue, garée devant sa porte, le véhicule suggestif. Quelque peu inquiète de ce que les voisins allaient pouvoir penser, elle prit très vite la décision d’y pénétrer et de l’emmener vers d’autres horizons.
    
    L’habitacle était plutôt dépouillé. Elle n’y avait encore rien mis en dehors d’un petit ordinateur de bord qui n’attendait que ses propositions pour y installer l’habillage et les options.
    
    Cela prit forme. Alors qu’elle faisait vrombir le moteur et qu’elle sortait des rues trop familières, le tableau de ...
    ... bord, les sièges, le volant et tout le nécessaire revêtirent un aspect du plus psychédélique, au gré de sa fantaisie. Tout adopta des couleurs vives, des formes et des matières inhabituelles pour un tel objet, contrastant avec la couleur sombre de la carrosserie. Les rondeurs et le moelleux prédominaient.
    
    Elle ne savait pas où elle allait et il lui semblait qu’elle ne faisait qu’un avec la voiture. Les vibrations remontaient lentement des innombrables petits canaux à fluide qui irriguaient son corps et sa libido. L’odeur indéfinissable qui régnait n’arrangeait rien. Elle ne lui était pas inconnue. Dans cette ambiance, elle se laissa presque aller à une torpeur dangereuse pour une telle situation.
    
    Lâchant le volant, elle remarqua avec stupeur que ce n’était plus elle qui dirigeait. La machine menait désormais les opérations. Elle s’engagea sur une autoroute quasi déserte qui se déroulait vers un infini rectiligne. Curieusement, elle ne ressentait aucune angoisse, au contraire. L’agréable langueur d’un instant auparavant refit son apparition. Tout s’adaptait parfaitement à son humeur. Il lui sembla que les coussins du siège prenaient vie. Ils s’appliquaient subtilement à épouser les formes de son dos, de ses reins, de son fessier qui irradiait. Comme le fantôme d’un ancien amant, il savait précisément où presser, où caresser pour mettre en marche la mécanique familière de son désir, un corps dans un corps.
    
    Le volant se dota alors de mains aux doigts préhensiles qui ...
«123»