1. Chloé à Paris (1)


    Datte: 08/06/2020, Catégories: Trash, Auteur: Matt Demon, Source: Xstory

    J’avais commencé à chercher du travail le lendemain des résultats du bac, à dix-sept ans. Et pas juste un emploi pour l’été, non ; je n’envisageais pas de faire d’études, même si j’avais été reçue avec mention. Ma situation de famille (orpheline, à la charge d’une vieille tante grabataire placée depuis peu en EHPAD) et financière ne me permettait pas d’entrer à l’université ; j’aurais aimé faire du Droit, mais bon, c’est la vie.
    
    J’ai trouvé par chance, que dis-je : par miracle un poste en remplacement d’une femme partant en congé maternité : six mois comme réceptionniste dans une petite société d’édition rue du Cherche-midi. Et ce en trois jours seulement. Je logeais dans une minuscule chambre de bonne dans le 18ème et pouvais prendre la ligne 4 du métro à Barbès pour descendre à St Sulpice, sans changement.
    
    Même si j’étais payée au salaire minimum, j’arrivais à m’en sortir à peu près : pas de cinéma ni de spectacle, pas de restaurant non plus. Mais je pouvais faire du footing (c’est gratuit) et aller nager trois fois par semaine à la piscine Pailleron. Au bout de six mois, la femme que je remplaçais a prolongé son congé (elle quittait la France, je crois) et la patronne m’a gardée en période d’essai pour six mois de plus. J’ai même eu une augmentation royale de 50 euros par mois. La grande vie !
    
    La maison d’édition a été rachetée par un grand groupe près de deux mois avant la fin de ma période d’essai, le nouveau Directeur se révélant être un loup plus intéressé ...
    ... par les profits que par la qualité des ouvrages édités. Il avait à peine dû me remarquer à l’accueil, pourtant il me convoqua quelques jours après son arrivée. Un simple message parfaitement comminatoire dans ma boîte mail, à 17 heures un vendredi.
    
    « Chloé dans mon bureau. »
    
    Vaguement inquiète, ne sachant pas ce qu’il me voulait, je suis montée en lissant mes vêtements ; c’était la tenue que je devais porter, une sorte d’uniforme fourni par la maison, petite jupe droite noire et chemisier blanc à boutons nacrés. Je tapais timidement à sa porte et une voix forte me dit d’entrer. Je n’étais jamais entrée dans son bureau au quatrième étage de l’immeuble et examinais les lieux rapidement. Grand et très lumineux, avec deux baies vitrées donnant sur la rue, derrière une immense table d’acajou encombrée de dossiers et d’un ordinateur. Sol parqueté, murs blancs et plafond mouluré, la pièce dégageait un parfum de luxe accrédité par le mobilier ancien.
    
    Le nouveau Directeur était debout, appuyé contre son bureau, discutant en anglais dans son portable collé à son oreille. Il me regarda d’un œil froid et scrutateur et détourna son attention, me laissant à mon malaise. Puis il raccrocha et se tourna vers moi, l’air sévère. Autant dire que je n’en menais pas large sous son regard bleu acier.
    
    C’est un bel homme, me dis-je. grand et large d’épaules, dans les un mètre quatre-vingts à vue de nez, le visage triangulaire, avec son menton pointu et ses pommettes marquées ;des cheveux ...
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