1. Je ne suis rien (1)


    Datte: 24/05/2020, Catégories: Partouze / Groupe Auteur: Sharhajar, Source: Xstory

    ... jamais le caresser... Mes lèvres le baisent sans oser l’embrasser, comme une putain amoureuse de son client. L’image me plait et mon esprit se perd à nouvea...
    
    Pas cette fois. Une nouvelle claque fait prendre ses cliques à ma rêverie. Une larme coule je crois, mon maquillage oui en tout cas. Je me remets au travail. Au dessus, les garçons parlent politique. La discussion s’envenime à un point tel qu’ils semblent vraiment m’avoir oublié. Parfois, un mouvement de jambes trop véhément vient me secouer et leur rappeler mon existence.
    
    Je suis insignifiante. Bonne. Bonne dans ce que je fais mais insignifiante. Ma langue, elle, est cheffe d’orchestre. Elle agite la baguette, la redessine et la goûte. Je m’amuse des trémolos que j’induis dans leur conversation. Ouais. Je ne suis rien de bien magistral. Un tumulte dans ses cordes vocales, un cul mat sous une grosse table, un puputte...
    
    Je sens soudain Jean tressaillir, se crisper. Non. Pas maintenant... mon corps se jette loin de lui - autant que l’on puisse se jeter, agenouillée sous une table. Un coup sec, un cri perçant, ma nuque part en arrière. L’espace d’un instant tout devient flou. Je ne rouvre les yeux que pour le fusiller du regard. Pas une larme ne coulera pour lui, compris Corps ?
    
    Mais Corps est assourdi par le choc. Mes yeux rougissent en même temps que mes joues. Mes cheveux encore dans son poing gauche, il ponctue chacun de ses jurons par un revers ...
    ... de la main droite.
    
    — "Tu fais quoi petite pute ? Tu t’enfuis comme une chienne sans prévenir ? Les salopes comme toi ça obéit, ça court pas. Pigé ?"
    
    Je jette une oeillade désespérée et larmoyante vers Paul et Martin, sans parvenir à troubler lrur débat. Ils ne daignent même pas tourner la tête alors que je manque de tourner de l’oeil. Une semelle floquée 42 me renvoie à ma place et mets fin à mes cris hystériques. Prostrée, recroquevillée, j’entends mon bourreau se rasseoir et se mêler à la discussion, comme si je n’avais jamais existé.
    
    Une douce chaleur embrase mon bas ventre. Je perds tout de vue. Après les forts, le réconfort... Je prends un moment pour reprendre mon souffle, rendue haletante par cette vague de plaisir. Je n’ai pas jouis ; mais c’est tout comme. Une main fébrile descend, descend, descend... et se braque. Non. Je n’ai pas le droit de me caresser. La raclée que je viens de me prendre ne serait qu’une partie de plaisir si...
    
    "Plaisir". Comme celui qur je prends à être traitée comme une merde. Mes jambes se crispent. Comme celui qu’appose sur mes joues chacun de ces coups. Mon souffle se coupe. Le plaisir des trainées. Car j’en suis une. Tout se fige. L’Univers semble s’arrêter sur moi, à genoux et misérable, les lèvres coincées entre les dents et les mains cachées entre les cuisses.
    
    Je-ne-dois-pas-me-toucher.
    
    Une nouvelle voix s’élève.
    
    — "Bon ça vient ou je dois te chercher salope?" 
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