-
Je ne suis rien (1)
Datte: 24/05/2020, Catégories: Partouze / Groupe Auteur: Sharhajar, Source: Xstory
Je ne suis rien. La nappe me recouvre. Le septième ciel est tombé sur ma tête de fausse gauloise. Je ne suis rien. Trois paires de jambes s’attablent, me heurtent doucement de leurs semelles aiguisées. Je ne suis rien. Un pied se dresse, prend son envol et m’atterit dans la gueule. Le coup m’arrache un éclat de rire, il faut battre la vieille carne pour l’attendrir. Je ne suis... Le fou rire reprend de plus belle. Putain. Je suis Hajar et j’ai du mal à me concentrer. On respire. Ça fait du bien de rire. Qui est ce que j’essaye de duper ? Moi ? Rien ? Avec mon ego et la passion dévorante que j’entretiens pour ma propre personne ? Ridicule. Je ne suis pas rien. Je suis tout. Et c’est ça la beauté de la chose. Parce que ce soir, Moi, la p’tite princesse, je ne suis qu’une bouche. Ma gueule n’est plus grande mais béante, soumise aux caprices d’une libido si effréné qu’elle aura rompu frein comme couple. Je ne suis pas rien. Je suis tout ce que l’on désire et tout ce que l’on méprise. Celle qu’on admire pour mieux la haïr. Celle en qui l’on se vide les couilles pour partir le coeur plein. Je suis Hajar, rien de plus, mais c’est déjà trop. J’en ricane mais Jean rit kaune. — Oui je choisis mes amants en fonction de leur potentiel jeu-de-moïque - La lumière du salon m’éblouit. Une paume féroce vient me témoigner l’amour d’un mari violent. Je sors de ma torpeur et rentre dans mon rôle. Au dessus de moi les voix s’avivent. Paul et Martin feignent ...
... de m’ignorer alors que je défroque le troisième laron. Parfois un pied timide vient effleurer mon bras ou mon sein avant de se raviser. Ils connaissent la règle. Les passifs doivent feindre la candeur, m’oublier, je suis qu’un... Qu’un quoi ? Un meuble ? Un vide-couille ? Une servante docile ? Les images fusent dans mon esprit dans jamais me satisfaire. Une autre baffe de maçon vient me faire rougir. Un juron impatient résonne en haut. — "Jamais deux sans trois ! Tu te magnes sale chienne ou on confirme le proverbe ?" L’insulte me fait sourire. Je ne suis pas encore assez dans le jeu pour m’en exciter mais Jean est en forme. Obéissante, craintive ?, je l’extirpe de sa prison de coton et l’invite entre mes lèvres de velours. Sa pogne agacée vient se poser sur ma tête brune. Il m’ébouriffe, satisfait, tendre. — "Tu vois quand tu veux. Excusez-moi vous disiez ?" ; leur discussion reprend. Un baiser, puis un autre. J’embrasse son sexe comme j’ai embrassé la vocation de garce. J’embrasse son sexe comme j’embrase les coeurs. J’embrasse son sexe comme j’embarasse mes parents. Dieu sait ce que je peux embrasser son sexe... Il n’est qu’un amuse-gueule et il me ravit. J’en connais la moindre aspérité, la pointe de ma langue semble retracer le parcours de tant de nuits passées ensemble. Jean est spécial. Pour tant de nuits passées ensemble il y a eu tant de nuits où il m’a enlacé en sang. Jean est spécial. Je joue au chat et à la souris. Mes doigts l’effleurent sans ...