1. Dans les entrailles d'Internet


    Datte: 17/05/2020, Catégories: fh, telnet, volupté, cérébral, tutu, fantastiqu, Auteur: Rotkäpchen, Source: Revebebe

    Et voilà une larme qui roule le long de ma joue, un appel à aller me coucher. Je regarde l’heure sur l’écran de mon ordinateur… 3h54 ? En effet il est peut-être temps.
    
    J’ouvre mes rares fenêtres pour souhaiter une bonne nuit aux noctambules de mon espèce, un « Bisou » aux méritants, un simple « Bonne nuit » pour les autres.
    
    Je t’annonce que je vais me faufiler dans les bras de Morphée et apparaît dans cette jolie fenêtre un « Déjà ? » qui me tire un sourire. Oui, déjà… je suis épuisée, mon lit est désespérément vide, mais il me faut le rejoindre. Un échange de dessins de bouches rouges, de « Bonne nuit » et je déconnecte…
    
    Quelques minutes plus tard, je suis à nouveau connectée, désespérée de ne pas trouver le sommeil. Tu me sautes dessus.
    
    —Alors pas couchée ?
    
    Et je t’explique mon malaise, ce qui me vaut un énième bisou, première monnaie d’échange dans le monde du MSN MESSENGER.
    
    On décide de jouer ensemble, d’inventer une histoire à quatre mains. Évidemment j’accepte : un petit scénario me fera sûrement du bien, surtout avec toi. On le fait sur msn, mais le jeu dérape… il dévie légèrement, provoquant en moi une sorte de pincement à l’estomac, une envie de poursuivre sans me soucier de la suite, de me jeter dedans sans craindre l’Après. Mais face à ce désir d’abandon, j’ai aussi peur de te choquer, peur d’aller trop loin, peur qu’après ça, tu me fuies comme la peste. Mais je ne peux plus me retenir. J’écris, effrayée, craignant que là, ce soit ...
    ... définitivement la fin entre nous et pourtant incapable de garder ce vœu plus longtemps. Alors je l’écris, j’ai besoin de le dire, pas forcément de le vivre, mais de le dire.
    
    —Je veux qu’on fasse l’amour.
    
    Et là… un silence, enfin plutôt un blanc, cette fenêtre froide qui ne s’actualise plus. Mais qu’est-ce qu’il m’a pris d’écrire ça ? Je suis complètement folle. Ça doit être la fatigue, oui, certainement ça, la fatigue, je ne sais plus ce que je dis quand je suis fatiguée à ce point.
    
    Mais la réponse me foudroie.
    
    —D’accord.
    
    D’accord ?… D’accord ! C’est pas une réponse, ça, « D’accord ». On ne répond pas « D’accord » à une fille qui vous dit qu’elle veut vous faire l’amour ! Mais on commence tout de même à écrire, décrire les actions, les gestes, les caresses…
    
    Me voilà dans une pièce immensément blanche.
    
    Qu’est-ce que je fais là ?
    
    Et toi ?
    
    Mais où sommes-nous ?
    
    Dans le réseau.
    
    Nous sommes sur Internet, mieux :dans Internet, quelque part, perdus entre nos deux écrans, un infini no man’s land, où nous sommes entièrement seuls dans une pièce immensément vide. Et le plus naturellement qui soit, nous voilà en train de mettre en pratique ce que quelques minutes avant nous tapions. Plus d’écran, plus de protection. Face à face, bouillonnants du poids de ces dernières phrases envoyées, nous nous laissons prendre au jeu, le réalisant avec un naturel déroutant, chaque mouvement se faisant fluide, harmonieux, comme orchestré. Nos gestes s’unissent à merveille dans un ...
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