1. Cécile, l’ingénue triomphante


    Datte: 19/01/2018, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Reveevasion, Source: Hds

    Chaque fin d’automne, Roger Chambriard aimait à venir se ressourcer dans ce petit hôtel de la côte Ouest du Cotentin, particulièrement désertée par ses touristes familiaux et estivaux. Cette solitude saisonnière était devenue un rituel incontournable, surtout depuis que la patronne, une veuve sans charmes, avait recruté deux gourgandines particulièrement accortes pour serveuses. Cela faisait maintenant cinq ans que Maryline la blonde rondelette les nuits impaires et Jennifer la brune élancée les paires visitaient sa chambre. Elles avaient même accepté lors de la dernière nuit de l’année précédente de partager leurs faveurs ensemble.
    
    Roger Chambriard était un acteur de cinéma à la carrière autant ratée au niveau du talent que réussie sur le plan financier. Après un début de carrière malheureux où il ne décrocha que quelques second rôles, il devait ce paradoxe au succès des séries télévisées reprises sur la chaîne Novelas qui enflammaient les ternes après-midi incultes des ménagères épuisées et des jeunes filles oisives. Son physique d’hidalgo ténébreux au regard de chien battu et à la moustache de Zorro dont les aventures amoureuses étaient inévitablement douloureuses, remuait les coeurs et pas seulement eux des téléspectatrices en réveillant les illusions perdues des plus âgées et en suscitant les espoirs les plus romantiques des plus jeunes. Entre la veuve décrépite et les deux gigolettes girondes, on rivalisait de petites coquetteries et de regards mouillés pour ...
    ... conquérir l’attention du célèbre pensionnaire de l’hôtel des Embruns.
    
    Lorsque ce premier jour de septembre notre don Juan des histoires à l’eau de rose se présenta à la réception, ce ne fut pas la patronne sexagénaire habituelle qui l’accueillit mais une timide stagiaire de BTS d’hôtellerie. S’en inquiétant auprès de l’insignifiante employée, il apprit qu’elle était « en cure pour ses nerfs ». Les questions de la stagiaire lui firent comprendre que la petite ne l’avait pas reconnu ou que, plus vraisemblablement, elle n’avait pas le goût de regarder les téléfilms insipides dont il était le héros. N’étant pas cabotin, au lieu d’en prendre ombrage cela lui fit s’intéresser de plus près à la jeune fille. Pendant qu’elle notait sur l’ordinateur les précieux renseignements avec beaucoup de précautions, il observa son profil immature : un visage poupon à la rondeur soulignée par des pommettes gonflées ; une bouche aux lèvres généreuses ; un nez court légèrement retroussé aux narines assez fortes ; des yeux protégés de lunettes d’écaille marron surmontées d’arcades saillantes ; des cheveux châtain clair tirés en arrière par un chignon sobre.
    
    « Vous ne me reconnaissez pas ? » ne put s’empêcher de s’enquérir Roger.
    
    Cécile tourna son visage vers lui alors que ses joues s’empourpraient :
    
    « Non monsieur je ne suis là que depuis trois semaines et je termine mon stage ce soir car ma patronne rentre demain. »
    
    « Alors, Cécile dit-il en lisant son prénom sur son badge, je vous félicite. ...
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