La mère de Jean (14)
Datte: 11/05/2020,
Catégories:
Divers,
Auteur: Anthynéa, Source: Xstory
... Vous… vous aussi êtes donc divorcée ? Je vous ennuie avec mes propos, mais je vous jure que depuis des années, je ne me suis pas senti aussi… libre. On se reprend une petite bière ? Quel bonheur de pouvoir se dire que c’est simple de boire un coup avec une jolie femme, que personne ne va venir me coller une gifle ou me faire une scène de ménage !
— Allons, cessez de me jouer les « Caliméro » ! Je serais du genre solidaire des pauvres femmes en détresse. Puis vous savez, lorsque l’on a qu’un seul son de cloche, l’absente a toujours forcément tort.
— Je vous comprends. Je suis exubérant, euphorique et mes petites histoires ne vous concernent en rien. Je reste cependant sur ma position… vous êtes une belle femme et très désirable.
— Merci, mais vos compliments n’y changeront rien.
Adèle avait refusé une autre boisson, jugeant plus prudent de ne plus boire. Elle avait ensuite pris congé du divorcé tout neuf, sans trop savoir si c’était simplement une ruse ou s’il avait dit la vérité. Le monde engendrait des acteurs du quotidien et il devenait si difficile de démêler le vrai du faux. Sur le chemin de chez elle, elle fit une nouvelle halte. Une envie d’oublies ! Et à la fête foraine installée sur la grande place qui battait son plein, elle trouverait sans doute cette gaufre si particulière dont elle raffolait. L’odeur déjà lui montait au nez…
Assise sur un banc public, elle suivait des yeux les gens qui allaient et venaient dans cet immense imbroglio de manèges, de ...
... baraques de foire et de vendeurs de rêves. Elle croquait dans sa gaufrette roulée, un régal. Un gamin vint s’asseoir près d’elle et dans ses grands yeux noisette, brillait une convoitise légitime. La rousse ouvrit le paquet de cigarettes russes, en extirpa une et la tendit au gosse. Les billes rondes allaient plus vite que la bouche. Elles dévoraient déjà du regard ce gâteau si convoité.
— Je vois que vous êtes de plus généreuse ! Vous avez tout pour vous.
Adèle sursauta. La phrase lui parvenait de derrière le banc. Elle se retourna alors que le gamin filait, tout heureux de sa bonne aubaine. Dans son dos, le gars du bar se tenait droit comme un I. Dans des vêtements bien taillés, il jetait de fréquents coups d’œil vers le défilé ininterrompu de chalands qui arpentaient les allées de la fête.
— Vous… vous m’avez suivi ?
— Non ! Je vous ai retrouvée par hasard et suis ébahi par votre gentillesse. Ce gosse…
— Il avait de beaux yeux et ne savait pas encore mentir lui !
— Ah bon ! Parce que vous pensez que je vous ai raconté des histoires ? L’intérêt qui m’aurait poussé à le faire ? Je ne vous connais pas.
— Allez savoir avec les hommes…
— Mais je ne sais rien de vous, à l’exception de ce fils qui vit sa vie d’homme.
— Il n’y a rien à savoir. Je suis juste une anonyme, quelconque, sans histoire bien distrayante à narrer.
— Oh ! Tout le monde a une vie et je suppose que vous n’êtes pas parvenue à votre âge sans que rien ne vous arrive.
— Bon vous me ...