Mélanie, étudiante à Bordeaux (23)
Datte: 10/05/2020,
Catégories:
Trash,
Auteur: Matt Demon, Source: Xstory
... il n’y a que ça comme chocolat ici.
Mélanie saisit la poignée de la valise malgré les protestations d’Anita et regagna la maison, certaine d’être suivie. Elle frissonna en refermant la porte derrière elle, s’ébroua avant de s’apercevoir dans le miroir de l’entrée : son tee-shirt collait à sa poitrine nue comme une seconde peau, faisant ressortir l’agressivité de ses tétons durcis par le froid, ainsi que les anneaux d’acier clairement visibles.
— Saleté de temps, faut que je me change. Donne ta parka, Anita ; je vais la suspendre près du radiateur.
Sans s’offusquer du tutoiement, l’ado lui tendit sa veste et frissonna, bras croisés sur son ventre. Elle gardait obstinément la tête baissée, sûrement pour masquer sa fatigue et son désarroi. Elle suivit néanmoins Mélanie dans la cuisine, acceptant de s’asseoir pendant que la future magistrate s’activait.
Devant un grand mug de chocolat chaud, Mélanie la relança, essayant d’en savoir plus.
— Bon, ça va un peu mieux ? Raconte-moi pourquoi tu veux voir Arnaud.
— Vous l’appelez Arnaud ? Il ne vous fait pas peur ?
— Pourquoi veux-tu que j’aie peur de lui ?
— Je ne sais pas, maman m’avait dit... que c’était quelqu’un de dur, de violent.
— En ce cas, pourquoi veux-tu le rencontrer ?
— Pfff... Bon, je peux vous le dire, après tout. C’est... mon père.
Là, un grand silence. Mélanie était médusée. Elle scruta vainement le visage fermé de l’ado, un peu rouge, qui fixait son chocolat fumant comme si sa vie en ...
... dépendait.
« Elle est si petite, se dit Mélanie, si menue... Pas du tout le gabarit d’Arnaud ou de Thomas, pour sûr ! »
— Et ta maman ?
— Elle vient de mourir. J’ai l’urne avec ses cendres dans mon sac, si vous tenez à savoir.
— Je suis désolée, Anita. Je ne voulais pas...
— Je vous demande pardon, Mélanie. Je suis un peu perdue. Complètement, en fait. Maman m’a dit que si je n’avais plus d’autre solution, je pouvais aller voir mon père et qu’il m’aiderait. En échange... en échange, je devais être prête à tout.
— Prête à tout ? Tu ne crois quand même pas que ton père te... enfin, tu vois, quoi.
— Je ne sais pas, je ne le connais pas ; je ne l’ai même jamais vu, sauf sur une photo qui est aussi vieille que moi.
— Et tu as quel âge ? Tu sembles plus jeune que moi, et j’ai vingt-quatre ans.
— Je viens d’en avoir dix-huit. Tu veux voir la photo ? Pardonne-moi, mais j’ai envie de te tutoyer aussi, j’ai envie de te faire confiance.
— Merci, ça me touche. Et oui pour la photo, s’il te plaît.
Mélanie sourit, émue aux larmes, en découvrant ce cliché de famille sans prétention : un homme imposant serrant contre lui une petite femme brune, un enfant debout entre eux, les mains des adultes sur ses épaules.
— Mon Dieu, c’est Thomas ! Qu’il était mignon ! Il avait quoi, neuf ou dix ans ?
— Plutôt dix, je crois. Tu vois la tête de ton beau-père ? J’ai l’impression qu’il va fusiller le photographe !
— Faut pas t’en faire, il est toujours comme ça, ou ...