1. Confluence


    Datte: 05/04/2018, Catégories: f, h, fh, fplusag, inconnu, bain, forêt, amour, cérébral, Voyeur / Exhib / Nudisme Masturbation intermast, entreseins, préservati, pénétratio, initiatiq, nature, Auteur: Olaf, Source: Revebebe

    Heureusement, une fois passés les premiers instants de remise en condition, la marche m’accapare en entier. Rien n’est plus naturel que de marcher, rien n’est plus éprouvant non plus lorsqu’on se lance sur de longues distances. On ne s’improvise pas marcheur au long cours, il faut se soumettre à un apprentissage sans concession, qui commence par une âpre lutte contre la terre. Une confrontation très inégale, car personne ne résiste longtemps à la terre qui s’ingénie à maltraiter celui qui la piétine sans respect.
    
    C’est à cause d’elle que la fatigue gagne les muscles, monte à la tête, envahit l’esprit, paralyse les pensées, que les jambes et les pieds se meuvent de plus en plus difficilement, de plus en plus douloureusement. Il y a bien quelques sursauts, l’impression fugitive d’arriver à reprendre de dessus, d’ajouter sans trop d’effort quelques kilomètres supplémentaires à son palmarès. Mais c’est peine perdue, l’effondrement final est programmé, la terre aura raison du marcheur débutant.
    
    Alors, infiniment seul au bord du chemin, dolent des pieds à la tête, il est temps de faire la paix avec elle, voire, comme les Celtes, de la vénérer. Il est temps d’accepter d’apprendre d’elle, condition indispensable pour qu’au-delà de la fatigue, des courbatures, des écorchures, au-delà de la réalité du corps malmené, l’esprit arrive peu à peu à se détacher.
    
    Dès cet instant, l’attitude du marcheur change, son corps devient plus léger, son pas devient plus sûr. Et à chaque ...
    ... fois que son pied va embrasser la terre, un échange inexplicable se produit qui lui permet d’appréhender la forme du terrain, comme on découvre à tâtons le corps d’une nouvelle maîtresse. Petit à petit, le pied ne foule plus le sol, il en épouse la forme, puis y imprime sa trace, légèrement, respectueusement, amoureusement presque, tant cette intimité s’avère troublante à la longue.
    
    Le corps devenu plus léger, son point d’équilibre se déplace progressivement, jusqu’à se nicher à l’endroit qui convient le mieux à des mouvements harmonieux, tout en évitant d’inutiles fatigues. Le poids du sac ne courbe plus le dos, le marcheur se redresse et recommence à regarder droit devant lui. C’est le moment que choisit la terre pour s’abandonner complètement au frôlement du pied. Dès cet instant, le voyage devient libération, l’esprit se dégage de toute contingence.
    
    Commence alors un long dialogue avec soi-même, un bouillonnement de pensées hétéroclites, mélange de souvenirs, de projets, de clairvoyances. On se voit à la fois dans le passé et dans le futur, comme si on était extérieur à soi-même. On se retrouve, on se découvre, on se pardonne, on s’aime un petit peu plus. Et surtout, on accepte ce foisonnement d’idées plus folles les unes que les autres, on en envisage les conséquences en toute liberté.
    
    La majorité de ces pensées iront rejoindre des rêves et des souvenirs perdus dans quelque coin obscur du subconscient. Quelques-unes pourtant arriveront à profiter du balancement ...
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