Dix femmes... dix destins (4)
Datte: 18/04/2020,
Catégories:
Hétéro
Auteur: Anthynéa, Source: Xstory
... neige de l’écran fait face à la jeune fille qui en sursaut reprend contact avec la réalité du monde qui l’entoure. Dehors il fait nuit, la rue est dépeuplée. Seuls quelques rares taxis en maraude passent au ralenti sous les fenêtres de son immeuble. Alors la locataire de l’appartement retire les derniers oripeaux qui la couvrent toujours. Elle se glisse dans un lit bien frais, et médite sur sa vie. Elle se sent fébrile et agitée. Pour se soulager les nerfs et calmer ses inquiétudes, elle ne connait qu’un seul moyen efficace.
Elle répète des gestes qu’elle et ses consœurs de l’orphelinat ont si souvent pratiqués lors de nuits si semblables à celle qu’elle vit là ! Deux mains partent à l’assaut d’un corps exigeant, un ventre qui réclame comme un dû, des caresses apaisantes. Ma foi, elle y trouve rapidement son compte et enfin elle se libère par un orgasme puissant, tout juste satisfaisant peut-être. Mais faute de grives, on mange bien des merles… alors… Et le dimanche matin c’est le couple de voisins de l’appartement contigu au sien qui se charge de lui rappeler qu’il existe bien d’autres façons d’apaiser les corps.
Les cris de la dame d’à côté sont à l’unisson des soupirs du monsieur qui fornique ou nique fort, mais les deux termes en cet instant se rejoignent tellement bien. C’est si flagrant que finalement la jeune Fabienne s’octroie elle aussi un petit encas manuel. Alors, c’est à trois qu’ils expriment chacun de leur côté de la cloison, les bienfaits d’une ...
... thérapie ancestrale. La vendeuse se rendort et son retour à la réalité se fait en début d’après-midi. Cette fois, c’est son estomac qui lui rappelle qu’elle doit s’alimenter aussi pour vivre.
Elle passe donc un peu de temps à poils dans sa cuisine. Après tout, elle est seule et ne dérange personne. C’est au moment de se servir sur une assiette son omelette aux oignons que son bras heurte la soucoupe où gisent les papelards en attente. Adroitement elle rattrape au vol le plateau bien qu’un carton s’en échappe. Un petit rectangle blanc noirci de lignes et de lettres sombres. Pourquoi cette fichue carte de visite et cette satanée bonne femme reviennent-elles sans arrêt dans les pattes et la caboche de l’employée ? Un vrai mystère !
Tout en dégustant ses ovules brouillés de poules d’élevage, elle ne peut s’empêcher de laisser ses yeux s’attarder sur le numéro de téléphone. Et après une vaisselle vite expédiée, mue par elle ne sait quel instinct animal bizarre, ses doigts se retrouvent sur le clavier de son téléphone portable. Le numéro par hasard est celui de cette Héloïse inconnue jusqu’à la veille. À la troisième sonnerie, la voix enjouée de la fausse blonde répond à celle plus timide de la jeune femme.
— Allo !
— Allo, Madame Héloïse… c’est la vendeuse du magasin de prêt-à-porter de la rue des États-Unis, vous me remettez ?
— Bien entendu ! J’attendais votre appel, mais pas aussi vite, je l’avoue.
— Je vous dérange ? Auquel cas, je peux vous rappeler un peu plus ...