Au coeur du silence - Histoires de Sexe

Au coeur du silence

... couchais ne me comprenaient pas : on finissait par se disputer, et c’était fini. Parfois la vie me paraît absurde, parfois il me semble que j’erre sans but sur la terre. Alors j’ai pris le parti de vivre avec mes lubies de vitesse et de sensations. Tu peux t’attacher à moi si tu veux, mais il te faudra supporter mon caractère entier. Je n’ai jamais pu accepter de limite.
— Je ne sais pas pourquoi tu m’attires autant, mais c’est comme ça. Je ne te promets rien, et je t’attends rien de toi. Reste juste toi-même.

Bientôt il faut s’arrêter à nouveau pour ravitailler la gourmande bête aux cinq cents chevaux assoiffés de super sans plomb. C’est une aire de repos très vaste, avec une passerelle entre les deux sens de circulation. Afin de paraître un peu plus présentables aux yeux des caméras de surveillance, nous allons récupérer d’autres vêtements dans nos bagages. Ici, on paie par carte bancaire, et on s’en va. Aucun contact humain, juste une machine à un seul bras qui nous délivre le précieux liquide.

À une centaine de mètres de la station-service, des prostituées tapinent. Tenues légères, regards dans le vague, comme pour fuir leur situation en laissant leur esprit s’envoler vers d’autres cieux moins sordides. Ce sont des filles de l’Est, peut-être Ukrainiennes ou Bélarusses, qui racolent à côté des camionnettes dans lesquelles elles effectuent leurs passes. Avec leur jambes immenses et dénudées, elles ressemblent à des poupées Barbie oubliées, démantibulées et aux ...

... vêtements manquants, abandonnées dans un coin de chambre par une enfant devenue adolescente et qui à présent leur préfère d’autres jeux. Valma abaisse la vitre et leur parle dans leur langue.

— Tu les connais ?
— Pas du tout. J’avais juste envie de leur parler. Elles te tentent ? Si tu veux, je t’en offre une. Ou même deux, si tu es gourmande.
— Non ! Il est glauque, ton plan. Ça ne m’a jamais fait envie. Ça t’arrive, toi, de payer pour avoir du sexe ?
— À l’occasion. Elles sont attrayantes, non ? L’une d’elles est transsexuelle. Ça ne t’excite pas, l’idée de tenir dans tes bras un corps étrange à la fois masculin et féminin ?
— La prostitution, ça me débecte. Ces filles sont probablement prisonnières de leur réseau. Tu vas encore penser que je suis une Sainte-Nitouche.
— Sainte-Nitouche ?
— C’est une expression pour dire je suis hypocritement un peu coincée, un peu psychorigide. Quelqu’un qui fait semblant d’être à cheval sur ses principes, quoi. Pourtant, je ne me voyais pas comme ça avant de te connaître.
— Tu as raison d’avoir des principes. C’est moi qui suis une débauchée. Les amphétamines, les voitures, les putes… Et j’en passe parce que tu ne me connais pas encore très bien ! Je dois te dégoûter avec tous mes vices horribles et pervers…

Je l’embrasse pour la faire taire.

— C’est pour tout ça que je t’aime. Tu es ma libertine chérie. Surtout, ne renonce à rien. Si tu veux aller avec ces filles, je t’attendrai dans la voiture. Mais si tu me veux, moi, avec mes ...