Vision d'un futur heureusement improbable...
Datte: 31/03/2020,
Catégories:
fh,
hplusag,
attache,
policier,
Auteur: Patrick R. D., Source: Revebebe
... pièce et referme la porte derrière lui.
— Vous vous croyez malin ? lui demande la commissaire en s’approchant de lui, le regardant de haut, profitant de la position assise imposée à son interlocuteur.
— Par rapport à des policiers, franchement, oui.
La jeune femme ne relève pas et continue.
— Ces lois sont là pour sauver le pays des déviances qui le menaçaient. Grâce à ces lois morales, nous n’aurons bientôt plus de prédateurs sexuels en circulation. Le monde sera plus sûr !
— Vous y croyez vraiment ?
— Oui ! lui répond-elle, l’air sûr d’elle.
— C’est certain, entre les lois anti-crimes sexuels, les lois contre les étrangers, les lois contre les jeunes criminels, et les lois de moralité, il n’y aura bientôt plus que des gens bien dans les rues.
— Exactement !
— Vous n’avez jamais eu envie de faire l’amour avec une femme ?
— Qu’est-ce que vous racontez ! s’offusque la policière.
— Parce que si c’est le cas, vous pourriez aller en centre de réorientation mentale, vous le savez ?
— C’est normal.
— C’est normal ??? Ça ne vous choque pas ?
— J’applique les lois, c’est mon travail. Je ne suis pas là pour les juger.
— Bien sûr, soupire Patrick.
Bizarrement, malgré son discours, la jeune femme lui paraît de moins en moins à sa place ici. Ce monde est en train de devenir fou.
— Êtes-vous prêt à avouer et à accepter un traitement ?
— Un traitement ? Pourquoi, je ne suis pas malade.
— C’est la loi, et vous le savez très bien. Sinon, vous serez condamné de ...
... toute façon et vous irez en prison. Je ne vous fais pas un dessin sur ce qui vous arrivera là-bas.
— Je préfère encore la prison à un asile psychiatrique.
— Je vais vous laisser y réfléchir un moment.
Sur ce, elle sort et laisse Patrick seul dans la pièce, toujours attaché au radiateur.
Elle revient plus d’une heure plus tard. Quand Patrick la voit rentrer à nouveau, il ne peut s’empêcher de penser que cette femme n’est pas à sa place ici. Il ne peut se l’expliquer, mais il sait qu’elle n’est pas comme ces hypocrites heureux d’appliquer des lois liberticides absurdes. Pourtant, elle est bien là.
— Alors, vous avez changé d’avis ?
— Sur quoi ? demande-t-il jouant l’innocent.
— Sur vos aveux.
— À votre avis ?
— À mon avis ? non. Vous ne ferez pas d’aveux. Vous croyez en écrivant des histoires pseudo-érotiques que vous participez à la libération de la société.
— Pas à ce point, mais en ce moment, presque, oui, s’amuse Patrick.
Pendant quelques instants, un silence pesant s’installe. La commissaire lui tourne le dos, le regard perdu au loin, à travers la fenêtre.
— Vous avez de la chance, finit-elle par lui dire.
— Oui, c’est ce que je me disais en attendant, menotté, prêt à partir pour dix ans de tôle.
— Je ne parle pas de ça. Vous avez fait ce que vous vouliez vous au moins. Même si ça ne vous a pas porté chance.
— Rien ne vous empêche de le faire aussi. Vous mourrez d’envie de me libérer ? Faites-le. Vous direz que c’était une erreur.
— Ce n’est pas ce ...