Dialogue de sourds
Datte: 27/03/2020,
Catégories:
fh,
extracon,
Humour
Auteur: Tonio, Source: Revebebe
... s’enferme dans la chambre : il paraît que je la regarde avec de drôles d’yeux. Mais moi, je l’aime bien, la factrice. Mes copains, ils l’aiment bien aussi. Même qu’elle s’entraîne pour le marathon, avec Jimmy, tu sais, celui qui habite à deux blocs d’ici. Ça, pas à dire : le Jimmy, il l’aime bien, il lui court pas après, il galope et elle, avec sa foulée élégante, elle arrive à rester devant. Mais le Jim, il a de la bonne volonté et de l’endurance.
— Moi aussi je t’aime, mon chéri, mais il faut un peu me laisser tranquille, ce n’est pas encore l’heure.
— Attends ! Qui te parle d’heure ? Moi, je te parle de cet abruti qui te sert de compagnon ! Tu crois qu’il se gêne pour moi ? Rien du tout ! Il les poursuit devant moi dans toute la maison en poussant des cris de sauvages, et puis il les immobilise. Tiens, ce matin, dans les escaliers, la grosse Lulu, on aurait dit une baleine échouée sur une plage, et le voila qui la monte par derrière et la traitant de chienne. Faut croire que son mari, à la grosse Lulu, il y trouve son compte, parce qu’elle a du tempérament et lui - son mari, pas l’autre olibrius - avec son physique de tonneau de bière un jour de foire, il doit pas trop assurer.
— Non ! Je t’ai dit que ce n’est pas encore l’heure.
— C’est trop facile, ça ! Je te parle de ma vie et de tes problèmes, ce sont des sujets intimement liés, et toi, tu me dis que ce n’est pas l’heure ! Tu pourrais pas t’en trouver un gentil ?
Tiens, Thierry… Je l’aimais bien, moi. Il était ...
... sympa. Tous les week-ends à la montagne, à crapahuter. Il y avait vraiment que toi pour t’en plaindre, mais moi, je suis fait pour la vie au grand air, au lieu de tourner en rond dans ton cent mètres carrés. Le dernier week-end, non, là, tu as vraiment été injuste avec lui, ça avait été de la super balade. C’est lui qui portait le pique-nique, moi j’étais le « porteur d’eau ». Tu as trouvé le moyen de te plaindre en disant que deux jours dans la montagne sans confort, ce n’était pas pour toi. Je l’aimais bien, Thierry…
Ou alors Nico, tiens, ça c’était un type bien, un restaurateur. Il nous faisait des supers petits plats. C’est que je suis gastronome, moi. Bon, c’est vrai, il avait pas trop d’horaires, et le week-end c’était assez morne. Mais c’est quoi, ces petits problèmes de kilos superflus ? Je t’aime comme tu es, moi. Tu ne devais jamais préparer les repas, c’est lui qui s’en occupait. Nico, il avait des activités saines, au moins. À l’automne, nous allions aux champignons. Tu ne peux tout de même pas critiquer ce genre de sortie ! Je n’ai jamais vu qui que ce soit en talons hauts, bas résille, porte-jarretelles et soutien-gorge pigeonnant à la cueillette aux champignons. À moins que ce soit au bois de Boulogne…
— Comme tu es mignon…
— Amélie, tiens, en voila encore une qui était bien ! Tu chantais tout le temps, on allait à la mer et à la campagne, elle s’occupait de moi, j’étais aux petits oignons. Et ne me parle pas de cette histoire de bébé que tu ne pouvais ...