Dialogue de sourds
Datte: 27/03/2020,
Catégories:
fh,
extracon,
Humour
Auteur: Tonio, Source: Revebebe
— Il te trompe !
— Oui mon chéri, j’adore quand tu me parles comme ça.
— J’te jure ! Il te trompe, et avec toutes les bonnes femmes du quartier, il y en a pas une qui n’y passe pas. Tiens, hier c’était avec Gisèle, tu sais, celle qui a cet affreux sac à puces puant, qu’elle appelle pompeusement Beauty. Elle dit à qui veut l’entendre que c’est un Teckel pure race… Tu parles, elle a un peu oublié de mettre un s à race !
— Oui, dis-moi encore des choses.
— Tu m’écoutes ? Oh là ! Le Manitoba, faudrait penser à un peu ouvrir les écoutilles ! Je te dis qu’il te trompe. Tu vas encore te prendre un poteau en plein dans le portrait. Tu sais, comme dans ces pubs où on voit une blonde distraite qui se prend le réverbère. Eh bien ça va être la même chose avec toi, et alors finies les balades en forêt, adieu les copains et les copines. Je n’aurai plus droit qu’aux pleurs, aux lamentations, aux yeux bouffis, aux cheveux en bataille, plus d’heures, couché à trois plombes du mat, levé à midi. C’est que j’ai des horaires, moi. Ce matin, c’était avec la grosse Lulu, là honnêtement je ne vois pas du tout ce qu’il lui trouve, avec ses mamelles de gorille. Ils étaient ici, dans ta chambre, sur ton lit, à faire la bête à deux dos. Même qu’elle pousse des cris comme une chatte en chaleur et lui avec son bâton tout rouge qu’il exhibe fièrement sous le nez de toutes ses pétasses.
Dis, tu m’écoutes, là ? Faut faire quelque chose ! C’est que j’ai ma vie, moi aussi, mes copains et copines n’ont ...
... pas de téléphone portable, eux. Encore une invention du diable, ce truc-là. Ce matin, justement, tu n’avais pas fini de fermer la porte d’entrée pour aller travailler qu’il était déjà occupé à organiser sa journée. Tu devrais peut-être regarder les numéros qu’il appelle… Et puis non, prends l’annuaire du quartier, cela ira plus vite. Tu retires les moins de dix-huit ans, il parait qu’il a des principes, ça c’est Dora qui me l’a dit, tu sais, celle qui a des supers yeux bleus et qui habite en bas de la rue. Ah oui ! tu dois aussi retirer les plus de cinquante balais : Nino l’a entendu dire qu’il ne faisait pas dans les « chefs d’œuvre en péril ». Nino, celui qui a un accent bernois, qui habite de l’autre côté du parc. Puis faut penser à mon hygiène de vie. À ce propos, lui, il en a pas tellement. Je dis ça, je ne dis rien, toute façon tu t’en fous. Tu sais le plastique, que certains de tes ex-amants d’un soir mettaient sur leur engin… moi, je trouve que cela fait un peu saucisse sèche, mais toi, tu disais toujours à Milène que c’est une preuve de grand respect pour la femme. Et, elle, elle approuvait. Faut croire qu’elle a changé d’avis, parce qu’il en met jamais, avec elle.
— C’est quoi ces gros soupirs ?
— C’est pour te dire que Milène, ta meilleure amie, celle avec qui tu as été à la maternelle, en colo, avec laquelle tu as fumé ton premier joint, elle est dans le lot aussi. Je l’ai vue de mes yeux, toute nue dans ton canapé favori. Il n’y a vraiment que la factrice qui ...