Dialogues d'ici et d'ailleurs
Datte: 01/04/2018,
Catégories:
f,
fh,
Oral
fsodo,
nonéro,
Humour
policier,
Auteur: Jielel, Source: Revebebe
... « contrat ».
— Oui, le premier. C’est toujours le plus difficile. Je vous raconte : c’était il y a sept ans, quelque temps après le 23 février 1980. J’étais désespérée, au bord du gouffre, sans aucune raison de vivre et sans rien en poche pour m’en offrir une. Alors, vous comprenez, quand le Docteur m’a proposé un pont d’or pour quelques instants d’amour…
— Un amour mortel.
— On meurt souvent d’amour. Une belle mort, non ?
— Ça dépend de quel côté on se place… Continuez. Vous pouvez parler doucement, vous paraissez si faible…
— Merci. Je continue donc mon histoire. C’est le Docteur lui-même qui m’a donné toutes les directives. Sur la photo mon client, comme vous dites, avait l’air de rien. J’ai heureusement vite compris qu’il fallait surtout pas que je m’attache. Quoique ce n’est pas si évident, car il fallait que cet homme, lui, s’attache à moi. Il ne fallait surtout pas qu’il croie que je n’étais qu’une fille de passage. Pour être sûre que le travail soit fait il fallait que nous vivions une sorte de lune de miel, torride, faite de nombreuses nuits d’amour.
— Et vous y arriviez, sans scrupules ?
— Ce n’était pas toujours facile ; dans la locution « faire l’amour » il y a quand même le mot « amour ».
— Bref, reprenons, vous me parliez de votre premier contrat.
— Oui, c’est vrai. Le pauvre, un homme d’affaires, brillant, intéressant, trop occupé par son travail pour comprendre pourquoi sa femme le délaissait de plus en plus. Ça a été beaucoup plus facile que prévu. ...
... Sous ses grands airs de bon travailleur et de mari fidèle, se cachait un homme plein de doutes, en manque de tendresse et de réconfort. Alors, quand je me suis présentée à lui comme journaliste décolletée et intéressée par le développement de sa petite entreprise dans le cadre du marché européen, il s’est accroché à moi comme à une bouée de sauvetage. Vous savez, j’avais un certain charme à cette époque.
— Il vous en reste quelque chose, le charme n’est jamais entièrement rompu.
— Arrêtez de me flatter, vous allez me réconcilier avec les hommes ! Ce n’est pas le moment. Où en étais-je ? Ah oui. Tout s’est passé si vite, quelques réunions de travail, quelques heures supplémentaires, quelques verres partagés, un dîner d’affaires à deux et on s’est trouvé enlacés sur son bureau.
— Vous avez fait l’amour ?
— C’était le but, non ?
— Et il ne prenait pas de précautions ?
— Il ne pensait qu’à l’amour, c’est la première fois qu’il trompait sa femme, il n’avait pas d’expérience. Trop honnête. Puis à cette époque ce n’était pas un sujet à la mode.
— Mais comment cela se passait-il ?
— Vous voulez des détails, mon petit cochon ?
— On m’a souvent traité de poulet, mais jamais de cochon !
— Un cochon à plumes, c’est mignon, non ? Mais je m’éloigne. Au début je lui montrais mon amour à coup de vaseline, mais, suivant les conseils du Docteur, j’ai vite arrêté. Il fallait que, comment dire, que nos contacts soient directs, violents… Je lui disais que je n’étais pas prête et, ce qui ...