1. Sophyann et le mythe de la dame à la licorne (2)


    Datte: 22/03/2020, Catégories: Hétéro Auteur: Bugsy, Source: Xstory

    ... l’air bien songeur !
    
    Relevant la tête il vit Éléonore, la jeune servante qui était au service de Sophie lorsque celle-ci logeait au domaine de Ker-Yvon... Jeune fille de petite noblesse désargentée, Éléonore avait été engagée par ses parents depuis de longues années, et Yann s’entendait très bien avec cette jeune femme d’une douceur extrême, toujours prête à rendre service et à se dévouer, cette dévotion allant jusqu’à faire don de son propre corps lorsqu’elle sentait que quelqu’un était malheureux et avait besoin d’un peu de tendresse pour reprendre goût à la vie.
    
    C’était d’ailleurs elle qui, quelques années plus tôt, avait fait connaître à Yann les joies de la chair. Et ce dernier avait beaucoup d’affection pour cette jeune femme franche, muette comme une tombe lorsqu’il le fallait, et qui ne réclamait qu’un peu de tendresse lorsqu’elle offrait à Yann de le réconforter.
    
    Il lui adressa un triste sourire qui en disait long sur la noirceur de ses pensées.
    
    — Ah ! Éléonore... après tout, tu arrives à point. Viens, on va parler un peu tous les deux.
    
    Il lui tendit la main et ils disparurent tous les deux à l’intérieur de la vaste demeure.
    
    Dans la cheminée du salon des braises rougeoyaient encore, et à l’aide du tisonnier et du soufflet, Yann qui avait remis une bûche fit vite renaître les flammes. Éléonore voulut allumer des bougies, mais il l’en empêcha.
    
    — Non, restons ainsi, il y a assez de clarté comme cela. Viens, viens t’asseoir près de moi.
    
    Il fixa ...
    ... ensuite les flammes, restant muet un moment avant de commencer à questionner Éléonore :
    
    — Cela fait longtemps que tu as vu Mademoiselle ?
    
    — Non, avant-hier, lorsqu’elle est venue ici pour la réception que donnaient vos parents.
    
    — Et, quand j’étais absent, elle venait souvent ?
    
    — Oui, souvent, presque aussi souvent que lorsque vous étiez là. Elle répondait toujours aux invitations de votre famille, et même parfois elle venait sans que vos parents ne l’aient invitée.
    
    — Ah bon... et... tu l’as trouvée... changée ?
    
    — Changée ? Euh... je... non, non, je ne l’ai pas trouvée changée.
    
    Yann lui prit la main.
    
    — Éléonore... regarde-moi dans les yeux... Tu sais combien c’est important pour moi... J’ai senti que tu hésitais dans ta dernière réponse... pourquoi ?
    
    — Eh bien... c’est-à-dire que Mademoiselle passait parfois de longues heures hors du domaine. Parfois elle sellait très tôt sa jument et partait pour ne revenir qu’à la nuit tombée...
    
    — Éléonore... tu crois... tu crois qu’elle allait voir... quelqu’un ?
    
    Tenant toujours sa main, affirmant même la pression de la sienne sur celle d’Éléonore, de son autre main il lui releva la tête pour qu’elle le regarde bien en face.
    
    — Non, notre petit maître ! Non ! Bien sûr, je ne peux l’affirmer, ne sachant pas où elle se rendait, mais je suis certaine que ce n’était pas à un rendez-vous. D’ailleurs le palefrenier disait tous les matins que la jeune demoiselle devait aller loin car sa jument revenait toujours ...
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