Circée - Histoires de Sexe

Circée

... serpent se glissant hors des draps de son lit.

— Comment as-tu appris au sujet de Karann ?

Sa voix était sèche et dure.

— C’est mon secret. Trouve-le si tu le peux. Ce qui me manque en puissance je le compense en subtilité. Mais je suis au courant de Karann, fait à ton image, mais de l’autre espèce.

Milikki, qui avait construit l’univers, avait créé leur espèce, sombre et mauvaise, pour l’espionnage et l’assassinat, alors que les membres de l’autre espèce étaient des créatures de guerre et de bonté. Deux espèces se ressemblant, mais opposées, se complémentant bien. Ils avaient été créés pour être alliés naturels en temps de crise, mais incapables d’être ensemble une fois la crise passée. Deux espèces qui existaient, pour protéger toutes les autres contre l’ennemi de la vie.

Arkann était fort mécontent. Circée rencontrait ses yeux, sans crainte. Il n’était pas fâché contre elle, mais contre lui-même. Karann était une autre de ses faiblesses, une drogue dangereuse dans laquelle il était trop facile de se perdre. Il caressa l’esprit de Circée, la tira doucement dans une réalité autre. Graduellement, il prit le contrôle des sens de la femme, jusqu’à ce qu’elle soit debout dans une clairière. Des fleurs au doux parfum poussaient à l’orée de la forêt, une forêt de très grands arbres. À ses oreilles parvenaient le chant des oiseaux, le souffle du vent dans les cimes, et le claquement des bois de deux cerfs s’affrontant au loin.

Tout cela était secondaire à la ...

... créature se trouvant devant elle. Une licorne au pelage d’un blanc pur, d’une crinière soyeuse d’un argenté pâle. Il était magnifique, et s’approchait d’elle sans faire un bruit, la pointe létale de sa corne tenue bien haut. Il était énorme, la grosseur d’un cheval de trait, même si ses formes étaient de loin plus gracieuses. Il s’arrêta proche d’elle, une expression narquoise sur son museau, la laissa l’admirer quelques instants, puis se transforma, prit forme humaine.

— Bienvenue dans ma prison dorée, Circée, il lui dit, d’une voix qui aurait pu être celle d’Arkann, une voix utilisée plus doucement, sans arrogance.

Il portait pantalons et une tunique blanche, ses cheveux étaient argentés. Son apparence était proche de celle d’Arkann, mais pas du tout sévère ou austère, très détendue. Elle n’avait jamais vu Arkann vraiment détendu.

— Arkann, tu te dépasses, elle dit, avec grand plaisir à celui qui manipulait ses perceptions.

L’autre fit la grimace.

— Circée, tu ne sais pas, tu ne cherches pas à m’insulter, mais disons que je ne suis pas trop enchanté. Je suis, Circée, même si je n’existe que par la grâce des rêves d’Arkann. Je n’ai peut-être pas de corps, je ne suis peut-être qu’une expérience qui a pris vie et âme, mais j’existe réellement.

Circée le crut presque, pour quelques instants. Puis elle s’esclaffa de rire, totalement séduite par le talent d’Arkann.

— Arkann. Merci. Merci beaucoup.

Karann soupira, l’air peiné.

— Bon, je crois que ce n’est pas ...