Et hop, tout le monde à la campagne ! (5)
Datte: 10/03/2020,
Catégories:
Trash,
Auteur: SHERAB, Source: Xstory
Quand nous arrivons au marché de Surgères, je suis à peine remise de mes émotions. Paulo et Raymond échangent des sourires de jeunes cons qui viennent de profiter d’une fille, peut-être un peu facile ce matin. Ils ne savent même pas que j’ai, autant qu’eux, savouré cette partie de jambes en l’air. De toute façon, je n’ai aucunement envie de leur faire partager mes impressions. Cette année, je suis dans la peau d’une exploratrice, bien décidée à ne laisser vierge aucune zone de ma sexualité. Je trouve que les choses s’accélèrent chaque jour et je me demande quand même comment ça va se terminer. Trêve de rêveries, Ginette nous stimule de la voix pour que chacun apporte de l’aide à la mise en place des légumes sur le banc juste installé par Claude. Heureusement, il n’a pas oublié les parasols, parce que vers midi le soleil va cogner dur. La matinée se passe naturellement, en supportant les quolibets des clients mâles un peu hors d’âge, qui ne savent plus se tenir dès qu’ils aperçoivent une nouvelle jeunette dans les travées ou derrière la caisse. A les entendre, tous seraient prêts à dégainer leurs engins si j’avais une petite chaleur à apaiser. Leurs allusions sont tellement grossières qu’il est facile de les voir venir avec leurs gros sabots. Courgettes, concombres, aubergines, radis noir, tout est prétexte à évoquer leur misérable quéquette.
Une envie pressante d’aller au petit coin m’oblige à céder ma place de caissière à Ginette et de filer vite fait vers les toilettes, ...
... derrière la grande halle. Si par hasard, vous ne savez pas où se trouvent les cagoinces publiques de Surgères, levez le nez en l’air et sentez. A travers les nuances maraichères printanières, vous ne pouvez pas faire abstraction des fragrances de pissotières. Sentez et suivez crescendo ! Prise par ces considérations, je n’ai pas perçu qu’un des vieux clients de tout à l’heure me suivait du regard. Toujours est-il qu’au moment où je veux refermer la porte des WC, je vois une grosse godasse s’immiscer dans la feuillure et une silhouette corpulente s’introduire dans l’espace étroit de la cabine. C’est un géant, mon nez n’arrive même pas à l’ouverture du col de sa chemise et, littéralement collée à lui, je ne peux même pas voir son visage. D’entrée, il me pose sa main gauche sur la tête, sûrement pour que je ne puisse pas savoir qui il est. C’est aux boutons de sa veste en velours marron que je suis certaine de l’avoir vu il y a seulement quelques instants.
— Je vous ai reconnu, le père Durand, vous avez de bien drôles de manières avec les jeunes filles !
— Tu crois que je ne t’ai pas vue me faire les yeux doux tout à l’heure en pesant les légumes, et puis ta façon de saisir les carottes en dit long sur tes petites habitudes, crois-moi je suis un connaisseur.
— Et vous, à propos de légumes, vous proposez quoi ? demandé-je hardiment.
— La saison a été bonne, la courgette est ferme et résistante, cette année, je vais peut-être tenter le concours agricole de Marans, tu ...