1. Le messager


    Datte: 26/02/2020, Catégories: bizarre, nonéro, sf, historiqu, Auteur: Brodsky, Source: Revebebe

    ... que les notables qui faisaient des offrandes au Temple. J’allais dîner chez les bandits, j’allais aux mariages des pouilleux, et j’affirmais qu’ils avaient plus de prix à mes yeux que ceux qui se jugeaient honorables. Je traitais les marchands de voleurs, et les dévots d’hypocrites…
    
    Et ce qui devait arriver arriva : ils m’arrêtèrent et décidèrent de me mettre à mort.
    
    Je savais que le Père ne me laisserait pas tomber. Qu’il interviendrait, et qu’alors les hommes seraient obligés de faire un effort de compréhension. Mais rien ne se passa comme prévu.
    
    Je fus torturé, puis crucifié. J’avoue qu’au moment de mourir, je suis tombé dans un abîme d’incompréhension et que j’ai crié « Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
    
    Il ne m’avait pas abandonné. Il me fit revenir à la vie trois jours après, ce qui stupéfia le monde. Puis, alors que quelques semaines après j’étais réuni avec mes disciples, il revint me chercher à bord de son vaisseau que les gens assemblés prirent pour une lumière céleste.
    
    Nous avions frappé fort, lui et moi, pour convaincre les hommes… Peine perdue !
    
    Un nommé Paul arriva parmi mes ...
    ... fidèles et commença à détourner l’enseignement que j’avais tenté de transmettre. Simon tenta bien de résister, mais l’autre avait des lettres… Il créa une religion supplémentaire, nouvelle source de discorde au nom de laquelle des milliers de pauvres gens furent mis à mort pendant plus de deux mille ans. Et ça continue aujourd’hui…
    
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    Le Père m’a débarqué dans une petite ville d’un pays qu’on appelle la France. Je suis vêtu comme un vagabond et j’erre dans ce que les habitants appellent avec un mépris mêlé de crainte « la jungle de Calais ». Il y a ici des centaines de réfugiés attroupés devant des voitures de police. Un jeune Irakien me dit qu’on vient pour les expulser.
    
    — Comment t’appelles-tu ?
    — Aziz, Monsieur…
    — Suis-moi. Nous allons leur parler.
    
    Devant moi, les forces de l’ordre avec des fusils ; derrière moi, une foule d’affamés prêts à se battre. Je sens la haine des uns, le désespoir des autres, les frustrations, les colères… et l’avertissement du Père qui pèse lourdement sur mes épaules : « C’est leur dernière chance, mon fils… S’ils ne t’écoutent pas, la Terre sera détruite ! » 
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