Science - à peine de - fiction - Histoires de Sexe

Science - à peine de - fiction

... complices au point que quelquefois je me sens mis à l’écart.

Pourtant, Swana, j’en ferais bien mon quatre heures ! C’est une belle fille avec une peau d’ébène et un port de reine. Si le monde a changé, celui où évoluent les apprentis médecins conserve – à ce qu’elle en raconte – une longue tradition de liberté sexuelle, et elle a fait des confidences à ma femme. Si j’ai bien saisi, Swana n’est pas insensible au charme féminin.

La comparaison avec mon père s’arrête là. Si j’espérais un nombre qui aurait pu m’encourager avec Swana, eh bien, non. Je l’inspirais comme une journée pluvieuse. Idem pour ma femme. Décidemment, j’étais loin des fantasmes que mon père avait découverts avec son invention. Le seul moment où les « nombres des femmes » montaient un peu, c’est lorsqu’elles se retrouvaient face à face, preuve de leur complicité féminine.

Heureusement, comme pour lui, le destin s’est chargé de battre les cartes.

Comme Inès ne cessait de me poser des questions sur ce que j’avais ramené de la cachette de mon père, je me suis résolu à lui dire la vérité, enfin une partie seulement.

— Allons, John ; ne me raconte pas d’histoires. Je sais, comme tout le monde, que c’est la reconnaissance faciale qui a déclenché ce mouvement des consommateurs ; mais je sais aussi que le système ne pouvait reconnaître, par le visage et par le regard, qu’un intérêt ou pas pour un produit. Pas plus. Et toi tu me dis que même les émotions les plus secrètement enfouies sont visibles ; ...

... pire, mesurables. Je ne te crois pas.
— Inès, je te jure que c’est vrai. Mon père l’avait mis au point et testé. J’ai retrouvé ses notes et tout son matériel. Et cela fonctionne, je te l’assure.

Comme je ne peux pas avouer qu’en réalité cela fait des semaines que j’ai tout installé dans notre appartement et que je l’épie ainsi que Swana, je m’en sors par un pirouette.

— Je l’ai même testé sur moi.
— Quoi ? Qu’est-ce que tu dis ? Sur toi ?

Je sors alors une oreillette de ma poche et la lui montre.

— Elle est réglée sur mes réactions.
— Arrête. Tu me fais marcher, John ; c’est une plaisanterie.
— Écoute ! Essaie ! Tiens, prends-la et vois par toi-même.

Elle hésite à peine et la glisse dans son oreille.

— Et alors ? Qu’est-ce que je dois entendre ?
— Attends, je lance le programme… Voilà, tu entends maintenant ?
— Des nombres, j’entends des nombres.
— C’est cela : les nombres sont le reflet des expressions, et donc des réactions du sujet. Plus les valeurs sont élevées, plus les émotions sont fortes.
— Pour l’instant c’est du « 1, 1 ». Mon chéri, c’est le calme plat chez toi, dit-elle en riant.
— Attends ! Tu veux bien enlever son chemisier ?

Elle me regarde, pensant peut-être à une plaisanterie, mais je sais que les valeurs ont changé dans son oreillette, uniquement par le fait que mon cerveau l’imagine déjà le faisant.

Elle s’exécute.

— La jupe… Ton soutien-gorge… Ta culotte…

Elle obéit, cherchant peut-être où est le stratagème. Mais les ...