1. J'ai sauté le pas


    Datte: 20/02/2020, Catégories: fh, uro, Auteur: Gigi 02, Source: Revebebe

    ... Cécile, Cécile Bouchardeau ; eh bien, voyez-vous, les gens sont rarement tels qu’on se les imagine, et je dois avouer que je suis tout aussi surprise que vous…
    
    Hé, cela s’annonce bien ! Mais bon, on ne va pas se faire des politesses et des compliments comme cela jusqu’à demain ; je lui propose d’aller prendre un verre à une des terrasses qui nous tendent les bras ; elle accepte volontiers. Perrier-citron pour elle, diabolo-menthe pour moi, on se sourit sans trop savoir quoi se dire ; pas facile d’aborder comme ça, de but en blanc le sujet qui nous intéresse, alors, on parle de la pluie et du beau temps, c’est pas un temps de saison, et ceci et cela, oui mais bon, on ne s’est pas donné rendez-vous pour parler météo ! Alors, je me lance :
    
    — Vous êtes célibataire ?
    
    Question stupide en soi, puisque je le sais, mais il faut bien commencer par quelque chose…
    
    — Je suis veuve, en réalité, mon mari s’est tué dans un accident de la route, il y a deux ans de cela.
    — Je suis désolé.
    — Ne soyez pas désolé, vous ne pouviez pas le savoir, et puis si mon mari était un grand architecte, c’était aussi, hélas, une brute et un tyran – et je ne devrais peut-être pas vous dire cela – mais j’en ai souffert au point d’avoir ressenti sa disparition comme un soulagement.
    
    Flûte, une veuve-martyre, je ne me sens pas très à l’aise, d’un seul coup ! Elle s’en aperçoit, me sourit.
    
    — Mais parlons d’autre chose, voulez-vous ? Et si nous marchions un peu…
    — Si vous voulez.
    
    On marche, ...
    ... je lui parle de moi, de mes passions, de mes projets avortés et de ceux que je cogite. Elle m’écoute, intéressée, étonnée même parfois ; et puis elle me parle d’elle, j’apprends qu’elle exerce la profession d’architecte d’intérieur, qu’elle vit normalement avec sa belle-fille de dix-huit ans, d’un premier mariage de son mari, mais qu’elle ne voit jamais, puisque la demoiselle préfère vivre à Paris, et à la façon dont elle en parle on sent bien que ce n’est pas vraiment l’entente cordiale entre les deux femmes, et si je me garde bien de poser la moindre question à ce sujet, je finis quand même par lui poser celle qui me brûle les lèvres :
    
    — Mais, pour en venir à ce qui nous rapproche, comment en êtes-vous venue à mon annonce ?
    
    Elle se tourne vers moi en souriant.
    
    — Google, tout simplement, c’est fou ce que l’on peut trouver là-dessus quand on cherche un peu, mais n’allez pas croire pour autant que je fréquente ce genre de site de rencontres, cela n’est pas du tout mon genre, si c’est ce que vous voulez savoir…
    
    Holà ! Pas qu’elle aille s’imaginer des choses, madame Bouchardeau… Je m’écrie presque :
    
    — Moi non plus ! Je cherchais simplement un site où mettre mon annonce, rien de plus, et si je peux me permettre, je crois que j’ai eu là une bonne idée.
    
    Elle a une moue dubitative.
    
    — C’est peut-être un peu prématuré pour le dire… mais sait-on jamais.
    
    Diable ! Elle a pas l’air très enthousiaste, la madame.
    
    — Vous n’y croyez pas ?
    
    Elle semble réfléchir un ...
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