1. Je ne suis pas lesbienne, mais... (3)


    Datte: 28/03/2018, Catégories: Lesbienne Auteur: airdepanache, Source: Xstory

    À l’heure de se coucher, au moment de se faire la bise et de se souhaiter une bonne nuit, Noëlla est, l’espace d’un instant, tentée d’embrasser Patricia.
    
    Les colocataires ont passé une partie de la soirée à se caresser les seins et à se masturber avant de décider de ne pas en parler, l’une comme l’autre ayant choisi de se convaincre que tout cela était d’une si parfaite banalité que ces gestes portaient si peu à conséquence et trahissaient tellement peu de chose sur la nature profonde de leurs désirs, et qu’ils ne méritaient même pas d’être mentionnés. Pourquoi, alors, ce penchant, de la part de la jeune femme rousse ? Pourquoi cette tentation d’aller chercher les lèvres de son amie ? L’interrogation la stoppe dans son élan et elle renonce à son projet, camouflant son embarras derrière un rire.
    
    — Pourquoi tu te marres, je peux savoir ? demande Patricia.
    
    — Tellement pour rien, si tu savais.
    
    Chacune de son côté, elles ne sont animées que par une seule certitude : quoi que signifient leurs échanges de ces derniers jours, cela ne change pas le fait qu’elles sont toutes deux hétérosexuelles à 100%. Rassurées par ce constat, elles trouvent vite le sommeil, même si l’une comme l’autre connaît ensuite un sommeil agité par des rêves troublants dont elles ne se souviennent plus au petit matin.
    
    Cela dit, la ferme conviction que rien dans leur attitude n’est de nature à remettre en question leur identité ou leurs goûts en matière de sexualité, cette évidence que tout ce ...
    ... qu’elles ont partagé n’était qu’un jeu sans conséquence leur permet le lendemain matin de s’asseoir face à face à la table du petit-déjeuner et de boire leur café sans gêne ni interrogations lourdes de sens.
    
    Oui, en voyant Patricia prendre place devant elle, Noëlla ne peut pas s’empêcher de s’imaginer ses seins sous sa robe de chambre. Mais c’est normal, après tout: elle les a vus de très près, quelques heures auparavant. Et puis Patricia, de son côté, juge tout à fait banal de se remémorer la texture ferme des tétons de Noëlla sous sa langue, tandis qu’elle déguste une framboise issue de son bol de muesli bio. Rien de spécial à signaler.
    
    Mais les idées sont comme les bulles dans l’océan : elles finissent toujours par remonter à la surface. Aussi, Noëlla, au bureau, entre deux feuilles de calcul, est surprise par une image qui s’impose dans son esprit, une image d’un réalisme embarrassant et dont elle n’arrive pas à se défaire une fois qu’elle a surgi de son inconscient : celle de sa bouche collée contre la bouche de Patricia. Elle a beau lutter, regarder par la fenêtre, se concentrer sur son travail, regarder des photos de chatons sur Instagram, elle échoue à laver cette pensée de son cerveau, qui s’incruste comme une tache récalcitrante.
    
    Après des heures à gamberger, elle n’y tient plus. Tremblante, sans trop savoir ce qu’elle fait, elle se précipite dans les toilettes, empoigne son smartphone, et compose un message à l’attention de Patricia:
    
    — J’ai envie de ...
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