1. Chagrin


    Datte: 03/02/2020, Catégories: amour, jalousie, cérébral, nopéné, nonéro, mélo, couple, Auteur: Passerose, Source: Revebebe

    ... retourner en piste, j’attendais son départ. Al le précipita en lui rappelant que le lendemain matin, à six heures, il devrait être à l’usine. Enfin il sortit gentiment escorté par Al et j’étais certaine qu’il ne viendrait plus gâcher la fête.
    
    En revenant Al triomphait, fier de me prouver sa force de conviction et il fallut célébrer sa victoire en levant une nouvelle coupe. Avec difficulté j’avalais une petite gorgée et chassait définitivement le stress de l’interruption paternelle en vidant d’un seul trait mon verre. Étonnant comme la boisson glissait maintenant dans ma gorge. Toutes mes appréhensions, toutes les mises en garde de ma mère s’étaient envolées, je ressentais un grand bien-être, j’étais reconnaissante à mon chevalier servant de m’avoir sauvé la mise, je me sentais rassurée par les engagements qu’il avait pris et je goûtais enfin sans retenue au plaisir de l’alcool. Que de légendes stupides on nous inculquait : tout était défendu et cette fois ma révolte envoyait valser tous ces préjugés.
    
    — Quelle révolte ! Un excès mène à un autre excès. Trop de mises en garde poussent à goûter au fruit défendu. Si tu te retrouvais dans une situation similaire, réagirais-tu de la même façon ?
    — Ça ne s’est jamais reproduit ; mais j’espère que la leçon m’a servi. J’ai beaucoup appris cette fois-là. Bizarrement un jeune inconnu m’ayant invité à danser, Al joua au grand seigneur sûr de lui et me poussa à retourner en piste, lui irait fumer à l’extérieur. Il revint, dansa ...
    ... avec moi. Un autre cavalier se présenta, Al m’encouragea à lui faire plaisir. De la piste je le vis sortir de la salle derrière la fameuse Yolande. Quand il revint, je l’attendais sagement assise. Nous avons dansé et nous avons chanté. Curieusement chaque fois que je rejoignais ma place ma coupe était à moitié pleine, par quel miracle ? Étourdie par la valse, troublée par les derniers signes d’érection de mon danseur, et sous l’effet sournois du mousseux ma tête s’alourdit, une fatigue étrange m’envahit progressivement. Je dansais les yeux fermés, entraînée comme un pantin, mon corps abandonné, porté par Al mon cavalier. Il en profitait pour susurrer à mon oreille des mots doux que je n’avais jamais entendus. Il était si doux d’écouter en suivant le rythme, emportée dans ses bras solides. Quand vraiment il fallut que je lutte pour ne pas tomber de sommeil, quand la coupe fut pleine, quand disparut la notion de plaisir, je lui demandai de me ramener au bercail.
    — Voilà une sage décision. Je te reconnais mieux.
    — Al salua, je levai vaguement la main en guise d’adieu et me laissai emmener en traînant les pieds jusqu’à sa coccinelle grise. J’étais, moi aussi, grise, lessivée, cuite ! Assise sur le siège passager avant de sa Volkswagen, dès les premiers ronronnements du moteur je me suis endormie.
    — Donc tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Tu étais heureusement avec un ami de tes parents qui s’était engagé à veiller sur toi.
    — Ne me demande pas ce qui est arrivé ...