1. Les boyaux de la terre


    Datte: 26/01/2020, Catégories: nonéro, fantastiqu, sf, Auteur: Fisher, Source: Revebebe

    La lampe de mon fusil traversa le voile compact de ténèbres qui noyaient les sinistres tunnels, dont la surface de basalte était gravée de subtils motifs élancés évoquant avec délicatesse des constellations légères de toiles d’araignées.
    
    Derrière moi je percevais détonations et fusillades, étouffées par la distance et l’angoisse sourde qui me tordait les tripes. Je me sentais – et j’étais assurément – prise au piège, perdue dans les méandres labyrinthiques de ces couloirs titanesques aux proportions, aux angles et aux pentes impropres au genre humain.
    
    Car ceux-là qui avaient conçu cet ensemble architectural infernal étaient de toute évidence affublés d’une logique et d’un rapport à la gravité différents du nôtre. Il n’y avait ni plafond, ni mur, ni sol clairement définis, si bien que n’importe quel endroit pouvait être pourvu d’une ouverture donnant sur un trou d’obscurité semblable à celui dans lequel je me trouvais actuellement. Ce que je comprenais d’ailleurs comme étant des meubles étaient fixés par je ne sais quelle science contre nature sur les parois, injuriant par-là même la raison rationnelle.
    
    Le souffle lourd de terreur, tremblante, j’arrivai jusque-là où les limitations inhérentes à ma condition physique pouvaient m’amener. Le sol décrivait en effet un plongeon aussi brut qu’improbable, offrant à mon regard incrédule un abîme sans fin duquel montait un courant d’air aussi faible que glacial.
    
    Je fixai, immobile et tétanisée, ce trou béant pendant ...
    ... plusieurs minutes, maudissant intérieurement la colonie qui s’était installée sur cette planète avant de disparaître, et le gouvernement terrien qui nous avait envoyées ici.
    
    Je m’injuriais aussi d’avoir, pour éviter une peine de prison trop longue, cru bon de m’engager dans une légion pénale, peu sollicitée en temps de paix. Eh voilà que, quelques mois à peine après le début de mon service, je me retrouvai dans un sinistre croiseur pénitencier pour enquêter avec d’autres détenues puant la peur sur l’étrange disparition d’une colonie dans la bordure extérieure.La colonie en question se limitait en réalité à une dizaine de blocs d’habitation pré-construits sur une surface plane et bétonnée ainsi qu’une usine faite à partir des modules d’atterrissage comme il était de coutume lorsqu’un groupe d’humains s’établissait sur une planète habitable.Quant aux résidents des lieux, nous ne les trouvâmes nulle part dans les édifices nouveaux et immaculés ; par ailleurs, nous fûmes surpris de constater que les dispositifs électriques en tous genres étaient souvent encore actifs et que nul endroit ne montrait de signes d’agitation particulière avant la supposée disparition des habitants.Néanmoins, et à notre grand malheur, l’état-major nous envoya moi et mon groupe dans ce qui semblait être une mine creusée dans la montagne non loin de l’usine rudimentaire.Après seulement quelques minutes d’exploration souterraine nous tombâmes sur ce qui nous sembla être un grand mur de ténèbres qui stoppait ...
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