1. Je ne suis pas lesbienne, mais... (4)


    Datte: 25/01/2020, Catégories: Lesbienne Auteur: airdepanache, Source: Xstory

    En sortant de la douche le lendemain, Noëlla chantonne, sans parvenir à identifier la cause de sa gaieté. Avant de se maquiller, elle jette un coup d’œil au panier à linge, dans lequel sont emmêlés les habits et les sous-vêtements froissés de Pat et les siens. Elle s’y penche et sent une odeur de sueur et de sexe. Sans trop y réfléchir, elle choisit ce matin-là un rouge à lèvres d’un rouge incendiaire, qu’elle réserve d’ordinaire aux grandes occasions.
    
    Elle et Patricia se croisent rapidement, toutes deux de très bonne humeur. Avant d’aller au travail, elles échangent quelques mots au sujet des courses à faire, de la météo, du chien de la voisine. La journée s’annonce charmante.
    
    Sur le chemin du travail, Pat a une mélodie en tête, mais elle ne se souvient plus où elle l’a entendue. Était-ce ce que fredonnait Noëlla ? Peut-être. Quoi qu’il en soit, c’est adopté.
    
    Ce n’est qu’une fois arrivée au boulot, peut-être parce qu’elle s’est suffisamment éloignée de l’endroit où les faits ont eu lieu, qu’elle se retrouve bombardée d’images d’hier, de ce baiser partagé, du visage fripé de plaisir de la jolie Noëlla. C’était une bien agréable manière de terminer une journée, se dit-elle, sans y accorder plus d’importance que ça. Pourtant, sans qu’elle puisse s’en empêcher, elle a la tête si hantée de souvenirs enivrants qu’elle a un mal fou à se concentrer sur autre chose pendant toute la journée.
    
    Si un simple bisou entre copines a pu lui faire tant d’effet, se dit-elle, c’est ...
    ... à se demander ce qui arrive aux filles qui couchent avec d’autres filles. Non pas qu’elle y réfléchisse vraiment. Elle n’a jamais eu tellement de curiosité de ce côté-là, elle aime bien trop les garçons.
    
    Non, l’idée de faire l’amour avec Noëlla lui paraît bien trop incongrue pour la prendre au sérieux. Alors elle l’examine, mais ironiquement, comme une simple blague. Se masturber entre colocs, c’est une chose, mais pénétrer son amie avec ses doigts, ça non, c’est exclu. Elle n’y pense pas. Ou pas tellement. Elle refuse d’y songer en tout cas, malgré les visions qui s’imposent à elle sans y être invitées. Tout cela est parfaitement ridicule.
    
    Afin de mettre un frein au dérapage incontrôlé de son imagination, elle se rue, un peu agacée, vers les toilettes de son étage, et elle se touche jusqu’à jouir, rapidement et proprement. Et ça marche. Elle ne pense plus du tout à cette idée idiote de doigter Noëlla. En tout cas pendant une heure. Ensuite les pensées reviennent, plus nettes encore. Zut.
    
    Patricia, en pleine confusion, rentre plus tôt que prévu du travail, prétextant une fièvre. Elle ne sait pas pourquoi elle a demandé à partir, elle n’a pas vraiment de projet. Une fois dans l’appartement, elle tourne en rond, ne trouve pas à s’occuper, regarde les aiguilles de l’horloge tourner en mordillant ses ongles.
    
    À chaque bruit dans la cage d’escalier, elle sursaute, dresse le regard, avant de retrouver le calme, plus ou moins.
    
    Et puis, après une attente interminable, ...
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