La vengeance et la haine - Histoires de Sexe

La vengeance et la haine

... fois défiler pour une collection de haute couture et pour de la lingerie ?

C’est toujours marrant, les compliments que l’on fait à un mannequin. Depuis quand avoir été gâtées par la nature est-il une performance ? Avoir un corps de rêve – ou prétendu tel – demande-t-il des années d’études ? Quel talent y a-t-il à servir de portemanteau de luxe ? Et puis, dans notre cas, le public est loin de se douter que tout cela fait partie d’une mise en scène qui, si cela venait à mal tourner, pourrait bien nous péter à la gueule.

Quoiqu’il en soit et puisque nous avons accepté de jouer le jeu, autant le faire bien.

— Bien sûr, et nous en sommes flattées… Cela dit, nous sommes parfaitement conscientes que des centaines d’autres jeunes femmes pourraient tout aussi bien être à notre place si elles avaient simplement eu autant de chance que nous.
— Mais enfin, il est assez rare d’être suffisamment mince pour pouvoir figurer dans un défilé classique sans l’être trop pour pouvoir également assurer en lingerie, c’est assez exceptionnel !
— Nous ne pouvons pas vous dire le contraire… Cela dit, il est très probable que, très prochainement, nous n’apparaissions plus que dans des défilés de lingerie.
— Ah ? Et peut-on savoir pourquoi ?

Jennifer éclate de rire.

— Parce que faire le tour du monde sans jamais pouvoir goûter aux spécialités locales, cela va bien un moment !

Un autre journaliste lève alors la main.

— Il y a très peu de temps, vous étiez toutes deux de ...

... totales inconnues. Pouvez-vous nous en dire par exemple pourquoi vous n’utilisez professionnellement que votre prénom ? Vous auriez pu prendre un pseudonyme…
— Absolument… Mais comme vous le disiez, notre célébrité a été si soudaine que nous n’avons pas eu le temps d’y réfléchir. Nous sommes désolées de vous le dire, mais Jennifer et Jessica, ce sont nos deux vrais prénoms…

Principe de ces conférences de presse d’après défilé, chaque journaliste a droit à une ou deux questions auxquelles nous nous efforçons de répondre. C’est donc le représentant d’un autre hebdomadaire qui se manifeste alors, et je sais qu’il est plus orientépeople. Du coup, sa question ne nous surprend pas vraiment.

— Depuis que vous êtes sur le devant de la scène, vous avez toujours fait en sorte de ne jamais être séparées et vos contrats vont toujours par paire, d’où ma question : n’êtes-vous réellement que des amies ? Je veux dire, ne seriez-vous pas aussi un peu amantes ?

Je ne sais pas pourquoi, mais il me semble que j’attendais cette question. Je souris.

— En vérité, nous nous sommes rencontrées dans des circonstances assez chaotiques et ce n’est que notre solidarité qui nous a permis de nous en sortir. Nous étions côte à côte lors de cette mauvaise passe, nous le resterons alors que la réussite se pointe à l’horizon.

Voyant qu’il n’obtiendra pas d’autre réponse à sa demande, le journaliste décide de botter en touche.

— Par ailleurs, malgré votre beauté, l’on ne vous connaît aucunboy ...