1. En millions de bulles


    Datte: 14/01/2020, Catégories: nonéro, mélo, merveilleu, contes, Auteur: Kaos, Source: Revebebe

    ... dame comme ça qui lui parle ! C’est presque incompréhensible ! Une fée ne parle pas à une gamine !
    
    — Alors ? Comment te nommes-tu ? N’aie pas peur, je ne mange pas encore.
    
    Elle éclate d’un rire cristallin, de gorge. Et cette hilarité finit de rompre la barrière.
    
    — Mélanie, je m’appelle Mélanie, Madame.
    — Madame ? Suis-je si vieille pour que l’on me donne du Madame ? Non, non, Charmante Mélanie, appelle-moi Syrianne. Je le préfère.
    — D’accord Madame Syrianne.
    — Syrianne tout court, tu t’y feras ! Alors, que nous vaut l’honneur de ta visite dans le Monde d’En Vers ? Tu t’es perdue ? Suis-je sotte, tu as du rêver ! Ou bien c’est le vent qui t’as portée ? Ou alors le lapin ? Tu as suivi le lapin ? C’est ça ? Ah non, je me trompe, tu as dû…
    
    Mélanie éclate de rire devant la logorrhée de Madame Syrianne. C’est qu’elle parle beaucoup, et qu’elle ne comprend pas grand-chose, mais la voix musicale, un peu flûtée, l’amuse et puis aussi, les joues qui rougissent d’excitation et le diamant qui brille !Mais c’est quoi le monde d’Envers ?
    
    — Madame Syrianne ? Madame… C’est quoi le monde d’Envers ? Dites, c’est quoi ?
    — Le monde d’En Vers. C’est ici. C’est chez toi si tu le veux. C’est le pays des magiciens, des princesses et des fées. Ce que tu ne peux faire, la magie pourra. Tiens, as-tu envie de voler ?
    — Voler ? Mais, euhhh…
    — C’est impossible ? C’est ça ? Regarde…
    
    Alors, Syrianne s’élève de quelques centimètres au-dessus du sol, si doucement que l’on a ...
    ... l‘impression qu’un courant d’air la porte. Éberluée, Mélanie se penche, regarde le sol, presque sous les jupes, passe sa main. Rien ! Il n’y a rien ! Elle cherche un fil invisible aux épaules, ou dans le dos, presque convaincue que le tour de passe-passe va lui dévoiler son secret.
    
    Et pourtant, pas de ficelle, pas de faux miroir. La magicienne vole pour de bon !
    
    — Ouahhhhhhhhh !
    — Tu viens ?
    — Comment ?
    — Tends ta main ! C’est tout.
    — Comme ça ?
    — Oui.
    
    La main agrippe la grande. Et Mélanie s’élève à son tour. Doucement, d’abord, puis de plus en plus vite et de plus en plus haut. Elle survole cette ville qui se nommera Paris dans son monde. Un Paris verdoyant où la Seine coule des eaux bleu turquoise et vert émeraude, un Paris où l’Arc de Triomphe serait couvert de fleurs mauves, un Paris où les Champs Elysées ressembleraient à une immense prairie couverte d’enfants en vêtements chamarrés. Un Paris de conte de fée. Elles s’éloignent encore plus haut, traversent des nuages opaques, doux et tendres, de guimauve.
    
    Les étoiles les contemplent sagement, bienveillantes. La Lune, rousse, leur fait un clin d’œil, puis elles redescendent à la même vitesse avant de plonger dans le fleuve.
    
    Mélanie sent son corps éclater en millions de bulles. Elle est l’eau ! Elle frôle des plantes, se mêle aux poissons vif argent, parcourt le dos d’une baigneuse. Revoit des instants d’avant sa naissance, des moments de calme au sein du ventre de sa mère, dans le doux foyer du liquide ...