La mission - Histoires de Sexe

La mission

... voudrais pas en rester là… Je voudrais que nous nous revoyions… que nous continuions… ensemble.

Il bredouillait, visiblement anxieux. Elle lui sourit et s’approcha pour l’embrasser.

— Moi aussi, Philippe, j’ai envie que nous continuions.
— Attends ; je voudrais te demander quelque chose d’important.

Il sortit brusquement et revint avec son peignoir. Il avait une enveloppe à la main ; elle crût qu’il allait lui demander d’échanger leurs numéros de téléphone.

— As-tu une sœur nommée Juliette ? lui demanda-t-il.

Elle resta sans voix et le regarda bouche bée. Il était devenu grave et la regardait tristement. Après un moment, elle finit par acquiescer.

— Alors je crois que c’est ça que tu étais venue chercher.

Il avait employé le plus-que-parfait pour bien mettre une distance entre leur divagation de la veille et la belle aube de cette nouvelle relation dont il voyait le filigrane. Quel que soit le but poursuivi par Sarah en venant ici, il était largement éclipsé par le soleil d’un sentiment nouveau qui l’illuminait tout entier. Mais il sentait aussi qu’il ne pouvait agir autrement ; il lui tendit l’enveloppe.

Elle s’en saisit : un rapide coup d’œil à l’intérieur confirma à Sarah qu’il s’agissait bien des photos de Juliette. Un éclair de colère fit flamboyer ses yeux noirs.

— Alors tu savais qui j’étais, et tu m’as laissé m’enfermer !
— Mais non, Sarah, je ne savais pas qui tu étais : je ne t’avais jamais vue, et tu n’es pas la seule à porter ce ...

... prénom.
— Mais bien sûr… Moque-toi de moi en plus !
— Je t’assure que je suis sincère, crois-moi. Un ami commun m’a dit un jour que Juliette avait une sœur prénommée Sarah, c’est vrai, mais je n’avais pas fait le rapprochement. C’est quand je t’ai vue sortir de la salle de bain pour aller dans la chambre : tu avais l’air de chercher quelque chose, et c’est là que j’ai eu un doute.
— Mais là, tu n’as rien dit non plus !
— Oui, mais tu étais si belle et si désirable… J’étais sous ton charme et je ne voyais plus que toi. J’avais envie de toi, et toi aussi d’ailleurs, sois honnête. De plus, pour ce qui est de la manipulation, tu n’es pas en reste : j’ai compris maintenant que notre rencontre n’était pas le fruit du hasard, et tu t’es bien gardée de me dire qui tu étais.

Elle eut une hésitation : l’argument avait porté.

— Mais pourquoi n’as-tu pas rendu ces photos à Juliette qui te les réclamait depuis deux ans ?
— Quand elle me les a demandées il y a deux ans, c’est vrai que je n’avais pas encore fait le deuil de notre relation puisque c’est elle qui m’a quitté. Maintenant ça n’a plus aucune importance, mais elle ne me les a pas redemandées.
— Tu pouvais les lui faire parvenir, quand même.
— C’est vrai. Mais je t’en prie, Sarah, laisse-nous une chance : je voudrais tellement que nous restions ensemble… Ce que nous avons vécu depuis hier m’a profondément marqué. J’ai besoin de toi : cette nuit m’a laissé entrevoir une femme merveilleuse que je voudrais mieux connaître. ...