Rue des Martyrs
Datte: 08/01/2020,
Catégories:
inconnu,
grosseins,
hotel,
facial,
Auteur: GillesP, Source: Revebebe
... café alors que tout était a priori très improbable.
— Je l’entendais ainsi. Sans aucun a priori, vous pensez qu’une dame raffinée comme vous dites ne peut pas rencontrer un homme bohème à vélo ?
— Si, enfin non, enfin j’en sais rien.
— Une femme est une femme et un homme quel qu’il soit peut lui plaire. Quel est votre prénom ?
— Gilles, et vous ?
— Marianne.
— Enchanté Marianne.
— Enchantée Gilles.
En quelques phrases, je suis donc passé de l’état du cycliste maladroit à celle de courtisan à deux doigts d’une dame qui menace de partir d’un instant à l’autre. Ses premières réponses sont légèrement encourageantes et ce « …un homme quel qu’il soit peut lui plaire » plein de promesses. Nous sommes bien dans la phase charme et découverte. Dans un état normal, cette situation m’aurait cent fois fait perdre mon équilibre et j’aurais sûrement bafouillé un tas de maladresses, me disqualifiant aux yeux de cette femme qui, vous l’avez compris, représente tout ce que j’aime : grâce, féminité et classe.
Ayant déjà perdu mon équilibre auparavant, un peu comme si j’étais vacciné, je peux constater que mon aisance toute relative se retrouve à présent raffermie par un échauffement naturel, qui avait commencé par un coup sur une barre de vélo et qui remonte un peu plus haut dans mon anatomie.
On peut être grisé par l’alcool, là c’est le désir qui me conduit à continuer la conversation sur un angle que je n’aurais pas imaginé possible.
— Je suppose que vous êtes quelqu’un de ...
... très sollicitée…
Je réalise aussitôt ma phrase lâchée, la maladresse de mon propos et son côté quelque peu inconvenant.
— Non, curieusement non. On me trouve inabordable, j’ai aussi des fonctions qui me donnent de l’autorité. Mon mari est un peu connu, au moins dans ses fonctions. Ce qui fait que, dans mon entourage immédiat, je suis parfois convoitée mais maladroitement ou en secret. Et vous monsieur le cycliste ?
— Je n’ai pas de mal à séduire les femmes qui ne me plaisent pas et je suis souvent tétanisé dans le cas inverse…
— Dois-je en conclure que je ne vous plais pas, car vous n’avez pas l’air tétanisé ?
— Si, au contraire, et je ne comprends d’ailleurs pas comment je ne me suis pas encore évanoui.
La conversation est ponctuée par l’arrivée du garçon apportant mon café, ce qui me permet au passage de vérifier dans l’œil malicieux du serveur que je ne suis pas le seul à qui la dame semble faire de l’effet.
— Que faites-vous dans la vie, quand vous ne percutez pas les voitures en regardant leur conductrice ?
J’ai envie de répondre que je regarde aussi les passagères, mais ma réponse est plus classique :
— J’ai un travail inintéressant mais lucratif, on va dire que je dirige une petite agence, mais ma passion c’est l’écriture.
— Vous écrivez ?
— Quelques romans oui, que je fais lire à quelques amis.
— Vous êtes publié ?
— Non…
— Tiens, tiens. Attendez que je fouille un peu dans mon sac, voici ma carte. À cette adresse, vous pouvez m’envoyer l’un ...