Petites mésaventures d'un campeur en Corse - Histoires de Sexe

Petites mésaventures d'un campeur en Corse

En ces années 1975-1976, j’exerce la profession de représentant sur tout l’hexagone. La veille du long week-end de la Pentecôte, le projet d’escapade en l’île de beauté prend forme pour moi. Je l’ai échafaudé il y a quelques semaines, un soir, sur la plage près de Lorient, en Bretagne. (Voir le premier épisode).Maria Ledonec, que j’ai quittée après une dispute, m’a indiqué le lieu approximatif en Corse, où l’attend son amant qu’elle doit rejoindre. Ce dernier, Valentini, est un escroc, usurpateur de l’identité de son ancien patron. Envolé et disparu depuis six mois, il doit une grosse facture à la maison d’édition où je travaille comme représentant. Voilà pour moi le prétexte pour aller expérimenter un mode de vie plus rudimentaire, en camping sous la tente et sur un petit vélomoteur démontable. C’est un peu le « LEM » de mon camping-car, resté sur un parking à Nice.

Une expérience de Robinson.

Vendredi, veille du long week-end de la Pentecôte, sur les quais du port de Nice, une cinquantaine de voitures attendent l’embarquement sur le ferry, pour l’île de Beauté. Les deux-roues embarquent les premiers. C’est en poussant ma petite « mob » que je me rapproche du marin qui règle la manœuvre pour rejoindre le ventre du navire. Il m’indique la toute première place, juste à côté d’un garçon et d’une jeune femme qui attendent aussi, sur une petite moto. C’est un jeune couple qui est assis sur cette petite cylindrée de 125 centimètres cubes. Je jette un petit sourire et ...

... histoire d’engager la conversation, je lance :

— Au moins ici on ne fait pas comme les boulangers, on n’enfourne pas les petits pains en dernier.
— Tiens, dit le jeune homme étonné, vous êtes également boulanger-pâtissier, comme moi ?
— Pas du tout, je suis V.R.P. et je me rends pour le week-end, dans l’île.
— Nous sommes en voyage de noces. J’aime bien la moto et le camping. En cette saison, ça devrait être très bien, pour découvrir les petites routes de montagne en lacets de l’île de Beauté, nous a-t-on dit.
— Je crois que vous ne serez pas déçu. Il n’y a pas mieux que le deux-roues, là-bas. Et d’ajouter : c’est pour cela que je vais faire comme vous et profiter du long week-end. Personnellement, je vais aller camper dans un camping à Corsicana, près de Cervione à 60 km. Il donne de plain-pied sur une immense plage de sable. En cette saison il n’y a pas foule et l’on peut profiter pleinement du soleil du calme et même de la solitude pour se reposer, surtout ne pas beaucoup rouler. Un vrai paradis au soleil pour moi, loin de tous mes tracas des longues routes quotidiennes.

J’entends la jeune femme, qui vient d’enlever son casque, glisser à l’oreille de son jeune époux :

— Allons là-bas nous aussi. C’est tout à fait ce dont je rêve. Ça me ferait tant plaisir, la plage et le beau soleil, la baignade en mer. Et la solitude, tous les deux sur le sable chaud…

Je devine ce qu’elle lui glisse à l’oreille, la jeune mariée, pour achever de le convaincre. C’est un argument de ...