L'entretenue
Datte: 28/12/2019,
Catégories:
fh,
amour,
volupté,
revede,
Auteur: Ptolemee, Source: Revebebe
J’attends devant sa porte. Elle va venir m’ouvrir, elle me l’a dit. Je grelotte un peu, mais mon coeur est chaud, bouillant.
Je revois notre rencontre. Nous étions encore étudiants, amis, camarades de tous les jours. Elle était jolie. Elle est jolie d’ailleurs, avec ce visage mince, ces yeux de diamant, ce petit nez mutin et ces petites lèvres fines, avec ses cheveux noirs que tant de fois j’ai admirés. Un ange, probablement. Un ange, certainement, qui a croisé mon petit chemin insignifiant, et lui a donné un sens. Je revois son rire, sa stupeur, son désarroi face à cet incident qui a tout bouleversé, ce minuscule incident, banal, ridicule et stupide qui nous a rapprochés, cet incident sans lequel je ne serais là, à l’attendre, dans le froid.
J’ai mon petit paquet dans la main. Je le tiens à travers la manche pour conserver un peu de chaleur. Elle va venir. Elle doit être en train de s’épiler, de se couper les ongles, quelque chose comme ça. Peu importe. Je la vois déjà m’ouvrir, sa silhouette apparaissant dans l’entrebâillement, un ange derrière une porte qui s’écarte pour me laisser entrer. Je voudrais déjà l’embrasser, lui donner mon amour. Je brûle. Je souffre. Je ne tiens plus.
Je sonne pour la seconde fois. Le haut parleur reste muet. Elle va venir, elle me l’a déjà dit. Je trépigne, réveillant mes pieds endormis, ne pouvant plus tenir en place. Je guette les bruits de l’intérieur. Je cherche ses pas dans l’escalier. Je me nourris par moment de faux espoirs ...
... qui sont vite démasqués. Mais cette fois je sens que c’est la bonne. Je reconnaîtrais ce bruit entre mille. Elle vient. Elle arrive. Elle m’ouvre la porte.
— Tu es là!
Sa petite voix grave me réchauffe. Je ramasse mon sac posé par terre et lui donne un chaste baiser.
Je dépose mon chargement sur la table de la cuisine. J’ai remarqué son regard vers le petit paquet, essayant de deviner. Mais elle devra attendre. J’entreprends de sortir les aliments de mon sac et me mets à la tâche. Je suis un bon cuisinier, ou du moins je sais le faire et je pense ne pas trop mal me débrouiller. Elle ne m’a jamais rien dit, d’ailleurs, et c’est mieux comme ça. Elle attend sagement, assise sur une chaise, le temps que la viande cuise et que tout soit prêt.
Pendant le repas je la regarde. Elle est belle. Elle l’a toujours été. Elle semble préoccupée, distraite, ailleurs. Mais je sais qu’elle est heureuse, comme je le suis à ses côtés. L’envie me prend de lui faire plaisir. Je ne voulais pas encore, mais je ne tiens plus. Je lui donne le paquet. Elle l’ouvre. Ses yeux s’illuminent. Le collier était cher, mais il lui ressemblait tant. Je ne pouvais le laisser dans cette vitrine alors qu’il serait sûrement bien mieux ici. Je l’imagine déjà lorsqu’elle le mettra autour de son cou, portant une de ces robes que je lui ai offertes, se sentant belle, jeune, attirante.
— Je n’ai plus faim.
Elle pose le collier dans une de ses mains et sort. J’entends ses pas dans l’escalier qui même à sa ...