1. Poésie de la chaise cannelée


    Datte: 16/12/2019, Catégories: ffh, champagne, uro, Humour Auteur: Samuel, Source: Revebebe

    ... cannelée. L’urine s’écoulait avec la régularité d’un cours d’eau printanier. La pauvre semblait souffrir de cette humiliation ; elle était rouge et elle baissait la tête. À la fin de la miction, Clément lui prit le menton et l’embrassa avec passion. Alors elle se redressa avec un geste que je suspectai être de fierté. Je me demandai aussi à qui était destinée cette démonstration. Probablement à moi qui voulais me mêler de leurs ébats…
    
    J’étais au pied du mur. Ou je sortais le plus dignement possible sans me retourner et sans dire un mot, en me promettant de ne plus remettre les pieds dans cet appartement. Ou j’entrais dans le jeu. La première tentation était de parler, de dédramatiser, de montrer que tout pouvait s’expliquer, se comprendre, s’accepter à condition que l’on respecte son partenaire et ses envies, ses réticences, ses tabous. Bref, de jouer au petit psychologue de salon, peut-être pas à 250 euros, mais de qualité tout de même.
    
    Mais je réalisai vite que le scénario qui m’avait été proposé était muet, que brusquement la parole avait été dévaluée, que le discours n’avait plus sa place. Maintenant, avait-il dit, nous aurons besoin du silence. Alors je demandai de changer de place avec Alina. J’ôtai ma culotte, relevai ma jupe et m’assis sur le cannelage encore humide et tiède. J’avais l’impression que des multiples petits carreaux transformaient mes fesses en ...
    ... un minuscule jeu de dames. Je me demandais aussi si je n’allais pas me bloquer dans cette situation en voulant trop dissimuler mon émotion. Mais le champagne fit son effet et rapidement le silence fut rompu par une nouvelle déferlante dans le pot de chambre. Pourtant il y avait une différence. Autant le débit d’Alina était régulier et calme, autant le mien était désordonné avec des éclaboussures, des moments d’accalmie et de nouvelles vagues impétueuses. Le café fut servi dans une atmosphère solennelle et recueillie.
    
    Puis sans un mot nous nous sommes séparés. Le moindre mot maladroit, le moindre geste déplacé et tout était rompu. Il ne serait alors resté qu’un pot de chambre au fumet épicé et deux femmes qui n’avaient pas pris le temps de se nettoyer. Au contraire, là, dans cet espace mystérieux, nous étions deux fées humides de la rosée céleste ou deux sorcières venant de préparer un filtre d’envoûtement.
    
    Quelques jours plus tard, je retrouvai Alina, qui voulait absolument me remercier. Je me demandai bien pourquoi. Elle me dit :
    
    — Maintenant tout est différent, tu sais. Clément a beaucoup réfléchi après cette soirée et puis il est tombé sur un nouveau site. Un site de poèmes érotiques et nos enlacements sont inépuisables désormais. Écoute :
    
    Et comme c’est Apollinaire qui le dit, Clément trouve aussi qu’elles sont une liqueur violente mes menstrues sanglantes… 
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