Poésie de la chaise cannelée
Datte: 16/12/2019,
Catégories:
ffh,
champagne,
uro,
Humour
Auteur: Samuel, Source: Revebebe
... champagne, parce que je redoute toujours leur vin qu’ils font venir d’Ardèche et qui ne supporte pas le voyage. C’est Alina qui vient m’ouvrir avec un grand sourire, mais les yeux gonflés de larmes contenues. On m’installe sur le sofa et Clément vient m’embrasser en apportant les biscuits apéritifs. On discute de la situation au Venezuela (j’ai un amant qui vient de Caracas) et on tombe d’accord, alors la conversation s’éteint. Alina sert les avocats au crabe et on commence tranquillement à se taquiner comme on a toujours fait. Dis donc t’aurais pas pris quelques kilos ? Et toi, tu tournes un peu au poivre-et-sel ! Ça te va bien ces nouvelles lunettes… Le champagne coule à flots, mais Alina n’en boit quasiment pas. À un moment, elle s’excuse ; elle doit téléphoner.
— Clément, que se passe-t-il avec Alina ? Elle n’est pas dans son assiette.
— Non, en ce moment, elle n’est pas… dans une bonne période.
— C’est toi qui la rends malheureuse ?
— Il paraît. J’aurais trop d’exigences sexuelles, d’après elle.
— Elle m’a dit.
— Eh bien alors, si tu sais tout…
— Écoute, on se connaît assez pour tout se dire. Alors, arrête de fantasmer sur internet et de calquer ces fantasmes virtuels et irréels sur elle. Elle en souffre. Elle voudrait te faire plaisir et elle a peur d’aller de plus en plus loin pour finalement se trouver dans une impasse. Quand je suis arrivée, elle était à deux doigts de pleurer.
— Oui, et tu sais pourquoi ?
— Non.
— Parce que je lui ai dit qu’on avait ...
... baisé ensemble et que tu étais vraiment perverse.
— Perverse !
— Oui, souviens-toi un peu.
— De toute façon, nous avons baisé, mais c’était bien avant que tu connaisses Alina. Et en plus, elle sait très bien, que nous avons été amants. Elle l’a toujours su.
— Ce n’est pas la question. C’est la façon que tu as de faire l’amour.
— Ah bon ? Par exemple ?
— Souviens-toi. Quand tu m’as attiré dans ton lit, alors que tu savais très bien que ta colocataire était obligée de passer par la chambre quand elle rentrait.
— Crise du logement.
— Oui, crise du logement. Seulement quand elle est entrée, tu as démonstrativement rejeté les draps et couvertures pour lui montrer que j’étais en toi, et puis tu lui as attrapé le pied pour qu’elle se retrouve dans le paddock…
— Si on ne peut plus rigoler quand on est étudiant…
— Et pourquoi on ne pourrait plus rigoler quand on n’est plus étudiant ?
— Mais si bien sûr… Pourquoi on ne pourrait plus ?
— Eh bien, on va rigoler alors. Alina, à table !
Alina est arrivée, avec le plat de résistance, une pintade que nous avons dégustée en reprenant le ton badin de nos conversations habituelles et quand le dernier os a été rongé, Clément a fait tinter son verre avec son couteau :
— Maintenant, nous aurons besoin du silence.
On a attendu quelques secondes et un bruit curieux de fuite d’eau s’est fait entendre. Je regardai sous la chaise d’Alina. Il y avait un pot de chambre d’avant-guerre, en faïence. Et elle pissait à travers la chaise ...